En Centrafrique, depuis le mois de septembre, la situation est tendue à Birao. Des violences ont opposé notamment les populations karas (identifiées au mouvement armé MLCJ) aux roungas (identifiées comme proches du FPRC). Le quartier rounga a été particulièrement touché par les destructions et il y a de nombreux déplacés.
De nouveaux déplacés roungas arrivent encore sur le site de l’aérodrome à une quinzaine de kilomètres du centre-ville de Birao. Certains ont quitté le site de déplacés de la Minusca, d’autres leur habitation. C’est le cas de Hissen qui est en train de se construire un abri : « Des hommes sont venus me menacer, c’est pour ça que j’ai quitté Birao. Des Karas et des MLCJ sont venus chez moi me menacer pour dire qu’ils ne veulent pas de mon ethnie ici. Ils ne veulent que les Karas. »
En ville, beaucoup de l’ethnie kara revendiquent la propriété de la terre, mais on estime qu’environ 10% de la population de Birao pourrait être rounga. C’est le cas de cet homme : « Moi je suis né à Birao, je suis un enfant de Birao. Mon père a même participé à la construction de l’aéroport. »
Une manipulation ?
Pour le représentant du site de l’aérodrome, Gabriel Redja, ces affrontements fondés sur des ferments ethniques relèvent de la manipulation : « Karas et Roungas vivaient ensemble. C’est un truc profondément politisé. À proprement dit, ce sont les Karas qui du jour à l’autre se sont envenimé. Pour quelle raison ? On ne sait pas. On ne sait pas quelle fourmi les a piqués pour changer spontanément. La manipulation est là, elle est profonde. »
Les déplacés roungas se sentent toujours menacés. Beaucoup demandent à être relocalisés loin de Birao.