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Chute du Mur de Berlin: une onde de choc jusqu’en Afrique

L’onde de choc de la chute du Mur de Berlin se fait sentir en Afrique également dès la fin de l’année 1989. Ces bouleversements en RDA et plus généralement dans les pays de l’Est ont été suivis sur le continent africain.

Ils ont été suivis de près parce qu’à la fin des années 1980 la crise s’est installée dans de nombreux pays d’Afrique, en grande partie en raison de leurs difficultés économiques et des difficultés de fonctionnement de l’État. Problème de corruption, salaires impayés. Le malaise social gronde. Et donc les bouleversements à l’Est nourrissent la réflexion des acteurs de ces contestations et créent un espoir de changement.

C’est particulièrement le cas au Bénin, qui s’est ancré dans le bloc soviétique. À l’époque, le pays applique un modèle socialiste, mais cela ne fonctionne pas. Les Béninois ironisent sur le « laxisme-béninisme ». À plusieurs reprises en 1989, les travailleurs descendent dans la rue et commencent à demander un retour à la démocratie. Dans ce contexte de bouillonnement, l’annonce de la chute du mur, la révolution de velours en Tchécoslovaquie, l’arrestation, la condamnation et l’exécution de Nicolae Ceaucescu en Roumanie constituent aussi une pression supplémentaire sur le pouvoir béninois. Le président Mathieu Kérékou annonce donc le 7 décembre 1989 deux choses : l’abandon officiel du marxisme-léninisme et la convocation d’une conférence nationale.

« Le vent de l’Est secoue les cocotiers »

La contestation se développe aussi des pays qui ne sont pas alliés au bloc de l’Est, comme le Gabon d’Omar Bongo et ce dès le mois de janvier. Ce sont les étudiants qui commencent le mouvement, mais celui-ci va se transformer en front social plus large. Contestation, également, au Niger du général Ali Saïbou avec des manifestations de scolaires en février. La Côte d’Ivoire d’Houphouët Boigny connaît à son tour en mars 1990 une vague de manifestations.

À chaque fois, les dynamiques sont avant tout locales, mais dans les gouvernements occidentaux s’impose l’idée que le vent de liberté qui a soufflé sur l’Est va aussi souffler sur l’Afrique. On prête au ministre français de la Coopération, Jacques Pelletier, une formule qui est restée : « Le vent de l’Est secoue les cocotiers. »

Ouverture démocratique

En réaction, le 20 juin 1990, lors de la 16e conférence des chefs d’État d’Afrique et de France à la Baule, le président français, François Mitterrand, prononce un discours qui fera date. Un message adressé aux dirigeants africains dans lequel il associe le soutien de la France aux démarches engagées par les Etats en matière de démocratie et de bonne gouvernance. « Il nous faut parler de démocratie, dit François Mitterrand à ses hôtes africains. C’est un principe universel qui vient d’apparaître aux peuples de l’Europe centrale comme une évidence absolue. »

Dès l’année suivante, le discours mitterrandien sur le sujet viendra nuancer la Baule. Mais en juin 1990, en tout cas, François Mitterrand envoie ce signal aux Etats africains. Un signal qui a largement contribué aux aménagements politiques réels ou de façades réalisées par certains pays.

Plus généralement, l’effondrement du bloc communiste marque un changement dans la place que les pays africains vont occuper dans la géopolitique mondiale. Pendant la guerre froide, la lutte contre l’expansion communiste avait conditionné des alliances du monde occidental avec différents régimes peu recommandables ou autoritaires. La perte de cet ennemi soviétique va rendre ces alliances moins essentielles et du coup obliger certains pays à ouvrir ou à faire semblant d’ouvrir leur système politique. C’est ce qui fait par exemple qu’au Zaïre, le président Mobutu annonce en avril 1990, les yeux embués de larmes, la fin du parti unique.

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