Kaïs Saïed, le président tunisien nouvellement élu, a fait de la lutte contre la corruption la priorité de son mandat. Il l’a d’ailleurs rappelé lors de son discours d’investiture le 13 octobre dernier, et des enquêtes sont déjà lancées. Ce mardi, la justice a ordonné la mise en détention préventive de Sami Fehri, le propriétaire de la chaîne de télévision privée Al Hiwar Ettounsi.
Animateur populaire et riche homme d’affaires, Sami Fehri est soupçonné, depuis des années de blanchiment d’argent et de détournement de fonds publics.
C’est une plainte déposée en début d’année par le ministère des Finances qui a relancé l’affaire. Selon le pôle judiciaire et administratif, chargé de lutter contre la corruption, Sami Fehri est soupçonné de blanchiment d’argent et de signature de contrats irréguliers au nom de la société Cactus Prod, un groupe de production audiovisuelle qu’il a fondé en 2002 avec Belhassen Trabelsi, le beau-frère de l’ancien président Ben Ali. En 2011, l’État a récupéré 51% de cette société, entre autres biens confisqués à la famille Ben Ali.
Aujourd’hui, plusieurs cadres du groupe sont dans le collimateur de la justice tunisienne. Le mandataire de Cactus Prod, ainsi que son administrateur juridique ont également été mis en détention préventive.
Selon les autorités judiciaires, Sami Fehri avait déjà été détenu en 2012 pour détournement de fonds publics et serait toujours poursuivi dans le cadre de cette affaire. Sa détention pour les besoins de l’enquête doit durer 5 jours.
Il y a quelques jours Chawki Tayeb, le chef de l’instance en charge de la lutte contre la corruption en Tunisie indique que l’appareil judiciaire est en train d’accélérer les dossiers de corruption en cours. Plus de 1 000 dossiers sont déposés devant cette instance. De multiples dossiers concernent l’entourage de l’ancien président Ben Ali, mais ce travail juridique traîne depuis 2011.
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