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Le secteur privé africain s’est donné rendez-vous à Madagascar

Trois jours durant, plus de 400 responsables étatiques et dirigeants de petites ou grandes entreprises africaines se rassemblent à Madagascar pour discuter industrialisation, numérisation, en vue de l’entrée dans la zone de libre-échange continentale africaine (Zlec). L’occasion d’aborder les défis qui attendent les 47 des 55 pays qui ont déjà signé l’engagement pour cet accord.

« Pour que l’Afrique profite entièrement de sa future zone de libre-échange continentale, il faut produire davantage. Et pour produire davantage, il faut changer le mode de production et d’exportation » résume un rapport de l’Union africaine rendu public ce mardi.

« Exploiter les avantages comparatifs »

Dans cette optique, Mario Pezzini, le directeur du centre de développement de l’OCDE, organisation coauteure du rapport, encourage, lui, la production de biens manufacturés dont les composants sont fabriqués dans différents pays, ou encore la spécialisation par zone géographique.

« Il faut exploiter les avantages comparatifs, qui ne sont pas les mêmes dans tous les lieux. Et donc spécialiser les régions dans ce qu’elles savent faire de mieux. La Centrafrique, ça peut être le bois. L’Afrique de l’Ouest, la production agricole. L’Afrique du Sud et le Maroc, la production automotrice. Ça veut dire développer une production dans plus qu’un pays et que chaque pays mette en place des politiques actives industrielles. En créant des zones franches, des services réels pour aider les PMI à se moderniser, en faisant des politiques de formation et d’emploi. »

« Le marché africain est là »

Changer radicalement les politiques publiques, donc, et les mentalités, c’est l’objectif vers lequel il faut aller pour Victor Harison, le commissaire des affaires économiques de l’Union africaine : « On a appris aux Africains à faire du saut en longueur. Les Africains ont continué à vendre leur produit dans les pays du Nord, en oubliant le marché de proximité. Quand un pays du Nord met des embargos sur des produits africains, on pleure sur les négociations perdues et on ne cherche pas à voir le marché de proximité. C’est là le changement de paradigme ! Le marché africain est là : 1,2 milliard. Si les Africains ne se prennent pas en main, je sais qu’il y a des gens qui tournent autour pour dominer le marché. »

Aujourd’hui, les exportations africaines sont essentiellement des ressources naturelles. Le rapport préconise d’augmenter les exportations de produits transformés. En 2015, seuls 2,2% des produits semi-manufacturés conçus en Afrique se sont retrouvés sur le marché mondial. Avec l’augmentation exponentielle à venir du nombre d’habitants sur le continent, les défis propres à l’alimentation, au logement ou au travail sont plus que jamais d’actualité. Aujourd’hui, sur quatre jeunes qui entrent sur le marché de l’emploi en Afrique, un seulement trouve un travail décent.

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