Selon les derniers chiffres datant de la 42e semaine, qui va du 14 au 20 octobre, et qui sont parvenus à notre rédaction, plus de 7,2 millions de cas avaient déjà été enregistrés. Un chiffre énorme rapporté aux quelque 11,5 millions d’habitants du pays, même s’il peut arriver que quelqu’un tombe malade une ou deux fois, selon un médecin. Mais rien à faire : le gouvernement n’a jamais voulu déclarer une épidémie.
La flambée de paludisme qui frappe de plein fouet le Burundi depuis le début de l’année ne faiblit pas. Mais l’épidémie ne dit pas son nom, selon de nombreux épidémiologistes qui se basent sur les statistiques officielles du ministère burundais de la Santé, car ce dernier ne communique plus de chiffres depuis que ce sujet a été évoqué en août dernier.
De 5,7 millions de cas et 1800 décès enregistrés à la mi-août de cette année, comme RFI l’avait révélé, les chiffres sont passés à plus de 7,2 millions de cas et 2757 personnes décédées des suites de cette maladie deux mois plus tard. C’est près du double des cas observés durant la même période une année plus tôt, si on considère la 42e semaine de l’année 2019.
Concrètement, ce sont 24 districts sur 47 sanitaires qui ont franchi le seuil épidémique durant cette 42e semaine de l’année, alors que 15 autres franchissaient le seuil d’alerte. Des chiffres qui ont fait dire à l’OMS que « le pays a déjà dépassé le seuil épidémique à la semaine 42 ».
Problème : seul le gouvernement d’un pays peut déclarer une quelconque épidémie.
À moins de sept mois de la présidentielle du 20 mai 2020, Gitega a refusé jusqu’ici de le faire, et pire selon plusieurs médecins burundais, « il cache les chiffres sur les ravages causés dans le pays par cette maladie ». Il va jusqu’à « menacer de ses foudres les organisations internationales », qui n’osent plus communiquer sur le sujet.
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