Entre 70 et 80 personnes ont perdu la vie en Éthiopie durant les violences qui ont touché le pays de la Corne de l’Afrique pendant plusieurs jours la semaine dernière. À Adama, la principale ville de la région Oromia, les manifestations ont dégénéré en affrontements à caractère communautaire. RFI s’est rendu dans la ville quelques jours après la fin des violences.
Melat Yirgu est en deuil. Coiffée d’un foulard noir, elle pleure son grand-frère. Le 23 juin, Ayele était derrière le comptoir de son petit magasin de rue.
« On sait quel genre de personne sont arrivées dans le commerce de mon frère. Ils l’ont frappé avec des bâtons. Ils l’ont tué, tout simplement », explique-t-elle. Pour elle, les responsables sont ceux que l’on appelle Qeerroo. Ce sont de jeunes nationalistes, supporters de Jawar Mohamed.
Cela s’est transformé en bataille rangée. Dans Adama, les habitants des quartiers en majorité non-oromo affirment qu’ils n’ont fait que se défendre. Mais il est bien difficile de savoir qui a commencé.
Dans un autre coin de la ville, une vingtaine de jeunes traînent autour d’un bâtiment en construction. Ils affirment être des Qeerroo. Hassan est l’un d’eux. Pour lui, leurs opposants les diabolisent.
« Les Qeerroo ne font pas de différence en fonction de l’ethnie. Nous avons même porté secours à ceux qui nous tuaient, nous avons appelé des ambulances et même amené des coupables de violences aux forces de l’ordre. »
Hassan nous montre le petit réduit où un de ses camarades se repose. Il a été blessé à la tête lors des violences.
Blessé, le journaliste Muktar Jemal l’est aussi. Pris pour cible, car vu, à tort, comme représentant de la télévision publique oromo.
Seize personnes en tout ont perdu la vie dans ces violences. Une soixantaine de personnes ont été arrêtées dans la ville d’Adama, 350 dans toute la région Oromia.
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