Le budget est historiquement important. Alors que les parlementaires attendent la transmission du projet de loi de finances 2020, les conflits sociaux se multiplient. Reportage devant le ministère du commerce extérieur à Kinshasa.
Sur un budget de dix milliards de dollars, trois milliards seraient reservé à la gratuité de l’éducation de base. Mesure-phare de la présidence Tshisekedi. Mais dans les ministères, les entreprises publiques, les hôpitaux et même les casernes, les fonctionnaires réclament le paiement des salaires et des primes promis, mais jamais versés.
Une quarantaine d’agents manifestent devant le ministère du Commerce extérieur à Kinshasa. Ils passent d’institution en institution pour réclamer la bancarisation de toutes les primes qui devraient leur être versées, mais surtout le paiement de la prime permanente attribuée aux agents des ministères générateurs de revenus.
Cette prime est censée garantir leur motivation et empêcher toute corruption. « Nous souffrons, dit un agent. On avait fait confiance aux syndicalistes qui ne font plus leur travail comme il faut. C’est pourquoi les agents que vous voyez ici ont pris la décision de se prendre en charge. On n’a plus de syndicats ici. On n’arrive plus à payer les loyers. Les bailleurs n’ont plus confiance dans les agents du commerce extérieur alors que c’est un grand ministère générateur de recettes. »
Il y a pourtant bien un responsable syndical. Hervé Boshab Okwete est aussi chef de division au ministère. Pour lui, ce mouvement n’est pas représentatif du point de vue des employés. Il brandit une lettre du ministre du Commerce extérieur à la main : « Voici la correspondance datée du 23 octobre. Son excellence le ministre a saisi son collègue du ministère du Budget pour pouvoir demander cette prime permanente. La correspondance est là, il y a même les tableaux barémiques. Je ne sais pas comment les agents peuvent aller manifester au moment où les autorités ont déjà pris le problème à bras le corps. »
C’est la deuxième fois que le ministre Jean-Lucien Bussa tente d’obtenir le paiement de cette prime en demandant sa budgétisation et Hervé Boshab Okwete ne cache pas son agacement face au mouvement. Pour lui, les syndicats ont joué leur rôle, même s’il admet que cette lutte pour la reconnaissance de la prime dure depuis 2012.