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Guinée-Bissau: la fièvre demeure dans la capitale, sur fond de trafics divers

La répression, samedi 26 octobre, par les forces de l’ordre de la manifestation dite « pacifique » de l’opposition à accrue un peu plus des tensions déjà très importantes. En milieu de semaine dernière, le Premier ministre Aristide Gomes avait accusé un opposant de préparer un coup d’État. Des tensions politiques sur fond d’accusations de trafic de drogue.

Il y a certes un retour manifeste au calme à Bissau après la manifestation de samedi, mais la tension reste à son comble dans les rues où un important dispositif a été déployé. Des éléments de la police d’Intervention rapide, armés de kalachnikov, sont visibles sur les principales artères, notamment dans le quartier administratif. 

À moins d’un mois de l’élection présidentielle, la question du calendrier électoral fait l’objet d’un bras de fer de plus en plus intense au sein de la classe politique. Alors que la communauté internationale, Cédéao en tête, insiste sur le respect de la tenue du scrutin le 24 novembre prochain, l’opposition exige comme préalable la transparence dans la gestion du processus, avec une révision complète du fichier électoral. Le parti au pouvoir PAIGC refuse cette mesure alléguant qu’elle aurait pour conséquence le report de la date de la présidentielle.

Pour le chercheur Vincent Foucher, ces tensions s’expliquent par le fait que ces élections marquent le terme d’un cycle dans lequel a émergé un système complexe de partage du pouvoir. « Depuis le coup d’État de 2012, on vit dans un système un peu mixte où tous les partis, tous les acteurs ont accès au pouvoir, ont des morceaux de l’État. Au terme de ces élections, on pourrait avoir une consolidation autour du PAIGC qui est le parti historique dominant dans le pays et donc cela suscite la nervosité de tous les autres acteurs, qui essaient par différents chemins de contester, de ralentir, de faire basculer le processus électoral et politique. On a des choses assez sérieuses : le Premier ministre a dénoncé une tentative de coup d’État, on a par de grosses saisies de drogues… »

Cocaïne, passeports diplomatiques…

En effet, ces tensions politiques sont doublées de rumeurs sur l’implication de hautes personnalités dans le trafic de drogue. Début septembre, deux tonnes de cocaïne en provenance de Colombie avaient notamment été saisies entraînant l’arrestation de douze suspects.

Les enquêtes se poursuivent et des mandats d’arrêt ont été lancés contre les deux cerveaux présumés de l’opération, mais selon plusieurs sources proches du dossier, de hautes personnalités politiques feraient obstruction. « La police judiciaire a mentionné des connexions dans la classe politique, dans l’armée, dans les services de sécurité à ce réseau de trafiquants démantelés », indique le chercheur.

Cette affaire en a mis au jour une autre, relative cette fois à un trafic de passeports diplomatiques retrouvés sur des trafiquants colombiens. Une provenance de documents que le Premier ministre Aristide Gomes a tenté d’expliquer sans parvenir à dissiper les soupçons de corruption qui pèsent sur les autorités.

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