En Éthiopie, le Premier ministre a affirmé samedi 26 octobre que les violences qui ont coûté la vie à 67 personnes cette semaine pourraient encore s’aggraver. Abiy Ahmed, récemment récompensé du prix Nobel de la paix, a exhorté ses concitoyens à s’unir, une allusion à peine voilée au caractère communautaire des affrontements.
Dans son discours,le chef du gouvernement éthiopien a assuré qu’il travaillait « sans relâche » pour « traduire en justice » les coupables.
Les déclarations du Premier ministre sont les premières depuis que les violences ont éclaté, dans la nuit de mardi à mercredi 23 octobre à Addis Abeba, avant de s’étendre à la région d’Oromia.
Ses détracteurs ont reproché à Abiy Ahmed qui se trouvait cette semaine à Sotchi pour le sommet Russie-Afrique de ne pas avoir réagi aux affrontements plus promptement. C’est maintenant chose faite.
Dans un discours, samedi, le Premier ministre a insisté sur l’union nationale et l’État de droit.
Lorsqu’il a évoqué l’importance de traduire les responsables des violences devant les tribunaux, il s’est gardé de faire allusion à son rival, Jawar Mohammed. Dans le passé, Abiy Ahmed ne s’était pas privé de le critiquer ouvertement, insinuant que Jawar Mohammed pouvait toujours se défiler lorsque la situation en Éthiopie devenait tendue grâce à son passeport américain.
Ce journaliste et militant, qui a près de 2 millions d’abonnés sur Facebook, est souvent accusé d’inciter à la haine ethnique.
Les affrontements des derniers jours ont opposé, d’une part, des communautés entre elles – à coups de bâton et de machettes, selon Amnesty International – et, d’autre part, des civils aux forces de l’ordre. Une dizaine de personnes ont été tuées lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants.
Reste à savoir si le discours du chef de gouvernement permettra au calme, qui régnait dimanche matin dans la capitale, de perdurer.
Ce même dimanche, l’Église orthodoxe éthiopienne a dénoncé la réponse apportée par le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed aux violences qui viennent de secouer le pays. Auprès de l’AFP, le père Markos Gebre-Egziabher, haut responsable de l’Église orhodoxe, assure que le Premier ministre a failli à son devoir de protéger ses membres.