Plusieurs centaines de militants se sont rassemblés cette nuit, à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, autour du domicile d’un leader nationaliste oromo afin de protéger celui-ci. Jawar Mohammed se dit sous la menace d’une arrestation.
La situation a commencé à se tendre vers minuit. Le nationaliste oromo Jawar Mohammed a posté sur Facebook un message affirmant que les gardes du corps, qui lui avaient été assignés par les autorités fédérales, avaient reçu l’ordre de se retirer, mais que ceux-ci avaient refusé. Dans son message, il évoquait l’existence d’un plan visant à lever ses mesures de protection, puis à fomenter une attaque contre lui par une foule hostile.
Aussitôt, des dizaines de sympathisants se sont massés autour de son domicile. Selon des témoins, en début d’après-midi ce mercredi, près de 500 personnes occupaient la rue devant chez lui, lançant parfois des slogans pour le soutenir.
Plusieurs témoins affirment également que des groupes de militants circulent dans divers quartiers de la ville, parfois avec des bâtons et des pierres. Des incidents similaires se dérouleraient également dans plusieurs localités du pays oromo, autour de la capitale, ainsi que dans la ville de Harar.
Du côté des autorités, le chef de la police fédérale est intervenu ce matin à la télévision pour tenter de calmer les esprits. Il a expliqué notamment que la sécurité personnelle de Jawar Mohammed était simplement en train d’être « réorganisée ». Et il a appelé les militants à lever les barrages.
Militant revenu il y a peu d’exil
Jawar Mohammed est un célèbre militant politique, à peine revenu d’exil aux États-Unis, dont il possède la nationalité. Il appartient à la nation oromo, comme le Premier ministre Abiy Ahmed. Mais lui est d’une tendance radicale, nationaliste. Il est surtout le fondateur d’une chaîne de télévision, le Oromo Media Network, qui a été déterminante dans l’organisation du soulèvement oromo entre 2016 et 2018. Un soulèvement qui a provoqué le retrait de l’ancienne équipe dirigeante de la Fédération éthiopienne et la venue au pouvoir d’Abiy Ahmed.
Et c’est probablement lui qui était visé par une petite phrase d’Abiy Ahmed, prononcée ce mardi au Parlement. Le Premier ministre a mis en garde les « propriétaires de médias qui n’ont pas de passeport éthiopien » et qui « jouent double jeu ». Il a affirmé que « des mesures allaient être prises » contre ceux qui « sapent la paix et l’existence de l’Éthiopie ».