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[Reportage] En Côte d’Ivoire, le blues des planteurs de cacao

Berlin, la capitale allemande, accueille actuellement une réunion sur le cacao en présence des représentants des deux premiers pays producteurs, la Côte d’Ivoire et le Ghana. Deux pays qui ont menacé les industriels s’ils n’appliquaient pas le mécanisme de compensation adopté en juillet à destination des planteurs. Les planteurs, de leur côté, sont abattus et en colère.

Les discussions entre les gouvernements et les industriels sur le DRD, ce mécanisme de compensation censé atténuer la baisse des cours du cacao pour les planteurs, les producteurs ivoiriens n’y comprennent pas grand-chose. Ceux du village de Zougoussou près de Bouaflé, dans le centre ouest de la Côte d’Ivoire, n’y croient même plus.

« Le problème c’est que, quelle que soit cette discussion, rien ne change sur le terrain, ici. Les gens nous font rêver. Ils nous font croire que ça va aller un jour et on est toujours dans la difficulté. Donc, vraiment, ça fait que ça nous décourage. Je me dis maintenant que c’est de la plaisanterie », estime Thierry Konan N’goran, délégué départemental du syndicat Anaproci.

Pas de rentrée scolaire pour les enfants

Des revenus en chute libre depuis dix ans, un coût de la vie qui explose, le changement climatique qu’ils subissent de plein fouet, les accusations sur l’exploitation d’enfants ou sur la déforestation… Chez les planteurs la colère gronde et l’abattement domine.

François Diby Kra est planteur dans ce même village et rêve de pouvoir faire autre chose un jour, mais sans trop d’espoir : « Moi-même, j’essaie… Je ne peux pas encourager mon enfant à se mettre encore dans la culture du cacao. J’ai cinq enfants. Si je suis fatigué et que je ne peux plus travailler, qui va s’occuper de mes enfants ? Il n’y a pas de retraite pour nous, malgré les efforts qu’on a faits. Donc je ne peux pas demander à mon enfant de se mettre encore dans la culture du cacao. »

Des enfants qui pour la plupart n’ont toujours pas fait leur rentrée à l’école faute d’argent pour payer uniformes et fournitures.

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