En Gambie, l’audition exceptionnelle d’une figure du régime de Yahya Jammeh vient de s’achever. Edward Singhateh, ancien numéro 2 du régime, a témoigné pendant trois jours devant la Commission vérité et réconciliation. Cet ancien ministre de la Défense est venu d’Abuja au Nigeria où il vit, pour raconter sa version des faits depuis le coup d’État de 1994 qu’il a mené. S’il a reconnu sa responsabilité dans plusieurs assassinats et autres atrocités, il a nié toute implication directe dans ces crimes.
Un tueur, une brute épaisse, un homme dévoré par l’ambition : c’est le portrait d’Edward Singhateh dressé par les témoignages recueillis par les enquêteurs ; un homme inoffensif et innocent, c’est le visage exposé par Edward Singhateh. Celui qui fut numéro 2 du régime refuse catégoriquement les accusations de crimes soulevées par l’avocat général.
« On retrouve des allégations de votre implication directe dans chaque dossier. Environ 50 allégations formulées par des témoins qui assurent avoir été présents au moment des faits. Vous prétendez qu’ils ont tous menti. »
« J’ai assumé ce que j’ai fait. En revanche je ne peux pas assumer ce que je n’ai pas fait. Le ciel pourrait s’effondrer, je ne me rendrais pas responsable de ce que je n’ai pas commis », répond Edward Singhateh.
Pour seule faute, Edward Singhateh reconnait avoir ordonné l’assassinat de trois soldats dissidents en novembre 1994. Ils faisaient partie d’un groupe de onze soldats accusés de préparer un coup d’État.
En revanche, il balaye tous les éléments de l’enquête qui l’impliquent dans le meurtre du ministre des Finances, Ousman Koro Ceesay, en 1995.
Présente à l’audition, la famille de la victime a préféré quitter la salle plutôt que d’entendre les excuses finales d’Edward Singhateh. Edward Singhateh devrait repartir sans être inquiété par la justice gambienne. Elle attend les recommandations de la Commission vérité d’ici plus d’un an pour lancer d’éventuelles poursuites.