Des voix s’élèvent pour demander un réexamen de l’affaire Karim Wade, toujours exilé au Qatar. Ce sont notamment de hauts fonctionnaires qui ont relancé la demande avant d’être suivis par une partie de la société civile.
Le dossier a été relancé par un surprenant imbroglio au sommet de l’État. Devant l’ONU, deux hauts fonctionnaires sénégalais ont laissé la porte entrouverte àune « réparation » de Karim Wade, avant d’être désavoués par un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Les avocats du fils d’Abdoulaye Wade se sont engouffrés dans cette brèche et disent ce dimanche 20 octobre prendre acte d’un tel « engagement » de l’État du Sénégal.
«Une fuite des responsabilités»
Une partie de la société civile demande aussi un réexamen de l’affaire. Pour Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International Sénégal, l’État doit appliquer les mesures des Nations unies, réexaminer l’affaire Karim Wade : « Malheureusement, ce que nous observons depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, c’est une fuite des responsabilités. C’est un État qui a choisi délibérément, pour tout ce qui concerne les procès à caractère politique, de violer les droits des personnes poursuivies, de refuser systématiquement de respecter les décisions rendues par les organes, que ce soit des organes sous régionaux comme la cour de la Cédéao [Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest], ou des organes onusiens ».
Karim Wade a pourtant été reconnu coupable en 2015 par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Mais Babacar Ba du Forum du justiciable insiste sur le fait que le fils d’Abdoulaye Wade n’a pas eu le droit à un recours sur le fond : « Et ça, c’est un droit fondamental. Mais malheureusement, au niveau de la Crei, ce droit n’existe pas. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la Crei ne requiert pas tous les standards internationaux pour pouvoir garantir à une personne un procès qui est juste et équitable ».
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La société civile compte à présent maintenir la pression sur l’État. Seydi Gassama souhaite : « Y compris rencontrer les autorités les plus influentes du pays, religieuses, coutumières, pour les sensibiliser sur l’importance pour l’État du Sénégal de mettre en œuvre ces recommandations ». Le pouvoir a toujours assuré que la procédure était transparente, tout en soulignant que la justice était indépendante dans cette affaire.