Le procès des 6 membres du FNDC arrêtés ce weekend à Conakry avant des manifestations et de deux autres personnes a débuté ce mercredi 16 octobre. Ils sont poursuivis pour « manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique et à occasionner des troubles à l’ordre public ».
Sekou Koundouno du Balai Citoyen raconte son arrestation par des hommes armés, cagoulés, qui le conduisent à la « villa 26 » base des Renseignements généraux. À sa suite, Bailo Barry, les yeux fatigués mais le sourire aux lèvres, ne reconnaît pas non plus les faits. « Je n’ai fait que mon travail », assure Abdoulaye Oumou Sow, journaliste et blogueur.
Ils relatent leur détention, jugée « dégradante » par leur avocate Halimatou Camara. « En 2019, il est impensable, en République de Guinée, que des hommes cagoulés descendent au domicile d’un honnête citoyen sous prétexte que la sécurité publique serait menacée. C’est complètement ahurissant. »
Dispositif policier
À l’extérieur, un important dispositif policier maintien d’abord les journalistes à distance avant de les laisser assister à la seconde partie du procès.
À la barre, Abdourahamane Sanoh, coordinateur national, lit une déclaration du FNDC appelant les citoyens à manifester, les entreprises à fermer boutique. Les questions du président portent essentiellement sur ce texte : qui l’a écrit ? Pourquoi ?
Me Mohammed Traoré défend également les prévenus. « Ces citoyens, conformément à la Constitution, ont demandé à leurs concitoyens de sortir manifester leur opposition à un changement de Constitution dont le but est, incontestablement, d’instaurer une présidence à vie en République de Guinée. »
« Tribune politique »
Tous plaident « non coupable » et réaffirment leur volonté de lutter contre un éventuel troisième mandat pour le président Alpha Condé. Dans une ambiance parfois houleuse, les prévenus lancent un dernier « amoulanfé » (« ça ne passera pas » en langue Soussou), le cri de ralliement du FNDC.
« Ce n’est pas tribune politique ! », s’insurge le procureur qui demande le renvoi du procès. Le président accède à la demande. La prochaine audience est fixée à vendredi.
Renvoyé au 18 également, le procès d’Elie Kamano et une vingtaine d’autres poursuivis pour « participation délictueuse à un attroupement ». Un renvoi à Mamou où plusieurs dizaines de prévenus comparaissaient pour des faits similaires.