Au Tchad, cela fait plus de six mois que les victimes de Hissène Habré font un sit-in pour réclamer l’application de la décision de justice tchadienne de mars 2015 prévoyant des dommages et intérêts. Ce lundi, elles ont donc décidé de mener une action plus retentissante : bloquer une route très fréquentée de la capitale.
Dans un silence de plomb, c’est assis sur le goudron du quartier Chagoua et les mains sur la tête que près de 300 victimes du régime d’Hissène Habré ont bloqué la route. Parmi elles, Awa Toumlé, 55 ans : « Le gouvernement ne dit rien. On est fatiguées. C’est pour cela qu’aujourd’hui on est sorties nombreuses, pour barrer la route aux passagers. J’ai été une victime, j’ai passée 12 mois en prison en 1986-87. J’ai été attachée et on m’a torturée. Nous revendiquons notre droit. »
En mars 2015, la justice a condamné à perpétuité sept ex-agents des anciens services de renseignements, qui doivent aussi verser, avec l’État tchadien, 75 milliards de CFA de dommages et intérêts. Mais aucun franc n’a encore été versé alors Jacqueline Moudeina, avocate des victimes, a lancé des procédures.
« Nous avons saisi la Cour africaine, en observant la procédure évidemment, en passant par la commission africaine des droits de l’homme. Donc nous attendons la suite. Si cette indemnisation n’est pas réelle, pour moi c’est un travail inachevé. La justice n’est pas complètement rendue à ces victimes-là », explique l’avocate.
De son côté, le ministre de la Justice affirme que faute de moyens, l’indemnisation ne pourra se faire qu’en se greffant au fonds d’indemnisation mise en place par l’Union africaine dans la cadre du procès de Dakar, qui a condamné à la prison à vie l’ancien chef d’État Hissène Habré.