Un peu plus de deux jours après avoir été récompensé du prix Nobel de la paix, le Premier ministre Abiy Ahmed fait face aux critiques de certains militants politiques, universitaires et activistes des droits humains suite à l’interdiction d’une manifestation dans la capitale ce dimanche 13 octobre.
L’image est saisissante et très symbolique. Dans plusieurs villes de la région Oromiyaa, les autorités avaient organisé des rassemblements pour célébrer le Nobel d’Abiy Ahmed.
À l’opposé de cette ouverture de l’espace public, ce communiqué de la police d’Addis-Abeba qui prévient qu’il n’y a « aucune manifestation prévue dimanche place Mesqel », au cœur d’Addis-Abeba.
Le défilé était organisé par l’association d’opposition Balderas qui accuse l’administration municipale en place de favoriser l’ethnie oromo au détriment des autres composantes de la grande cité multiculturelle. Pourtant, le chef du mouvement Balderas, Eskinder Nega affirme avoir déposé en avance une demande écrite qui est restée, selon lui, sans réponse.
Samedi, plusieurs de ses militants étaient arrêtés et placés en garde à vue, selon plusieurs sources. Devant le risque de débordements, Eskinder a préféré annuler le meeting.
Son mouvement, qui dit militer pour une capitale appartenant à tous les habitants, a déjà été visé par des arrestations, notamment à la suite des assassinats politiques de la fin juin en région Amhara et à Addis.
Difficile d’imaginer que ces décisions soient prises sans l’assentiment d’Abiy Ahmed, chef du gouvernement fédéral et patron de la coalition qui domine sans partage l’espace politique éthiopien depuis 28 ans. Dimanche en fin de journée, la plupart des personnes détenues semblaient avoir été relâchées.