Sept millions d’électeurs sont appelés à voter ce dimanche 13 octobre en Tunisie. Le second tour de la présidentielle oppose le juriste Kaïs Saïed au magnat des médias, Nabil Karoui. Mais cette élection se tient dans un contexte de crise économique et sociale. En jeu notamment, la participation des Tunisiens.
Huit ans après l’engouement du « printemps arabe », on sent une certaine lassitude des Tunisiens, qui ont exprimé leur défiance, d’abord en sanctionnant les leaders de la classe politique classique au premier tour de l’élection ; ensuite, en boudant les urnes. Le taux de participation aux scrutins est faible. 49% pour le premier tour de la présidentielle, 41,3% pour les législatives et à cela s’ajoutent, quelque 24-000 et 26 000 votes blancs comptabilisés à ces deux scrutins.
Après les élections législatives la semaine dernière, c’est la troisième fois en un mois que les électeurs sont appelés aux urnes. Cette récurrence va-t-elle décourager les citoyens à fouler les isoloirs au premier tour ? Une question qui a son importance tant l’abstention a bénéficié pour les élections parlementaires à Ennahdha, un parti qui a appelé à voter Kaïs Saïed.
Autre donnée à surveiller, le vote des jeunes, difficiles à mobiliser qui, sur les réseaux sociaux et dans des réunions citoyennes, ont été nombreux à soutenir Kaïs Saïed. Dans les campagnes reculées, des covoiturages avaient profité à Nabil Karoui, populaire auprès des populations les plus démunies, suite à ses apparitions télévisées distribuant des biens aux plus nécessiteux depuis trois ans.
Deux candidats, deux styles
Conservateur assumé, Kaïs Saïed, un universitaire à la retraite au style simple, voire austère selon ses détracteurs, prône une décentralisation radicale dans l’esprit révolutionnaire du 14 janvier 2011 pour rendre le pouvoir au peuple. Il incarne un courant politique inédit qui dépasse les clivages traditionnels. Entouré d’une équipe de bénévoles, il a mené une campagne de proximité, loin des médias. Cet ancien professeur de droit veut instaurer une démocratie participative, en impliquant les citoyens dans des assemblées locales. Indépendant, à 61 ans, Kaïs Saïed est perçu comme un homme « propre », capable de lutter contre la corruption.
Face à lui, Nabil Karoui, 56 ans, au style avenant est diplômé en marketing. Il a notamment travaillé en France pour le groupe Colgate-Palmolive. Avec son frère, Ghazi, il se lance dans la communication et créé en 2009, la chaîne de télévision Nessma, qui émet en Afrique du Nord. Issu de la famille moderniste, l’homme d’affaires a rompu avec le parti Nidaa Tounes pour se consacrer à sa propre campagne. Depuis trois ans, il mène des actions caritatives dans les villages déshérités du pays. Il promet, s’il est élu, de lutter contre la pauvreté.
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