C’est une première historique au Soudan : une femme vient d’être nommée à la tête de la Cour suprême. Neemat Abdallah Mohamed Khair est une juge expérimentée et connue pour son intégrité. Elle a été choisie alors que depuis des semaines des manifestations réclament une justice plus indépendante dans le pays.
Neemat Abdallah Mohamed Khair travaille dans le secteur judiciaire depuis les années 1980. À la différence d’autres juges, qui ont longtemps servi les intérêts de l’ancien régime, la magistrate a toujours su rester neutre.
Ancienne responsable des affaires administratives de la Cour suprême, elle est notamment connue pour un arrêt, pris en novembre 2016, qui a sauvé une église d’Omdurman, près de Khartoum. Un homme d’affaires proche du pouvoir souhaitait détruire l’édifice. La décision prise par la juge a stoppé le projet.
Des personnalités indépendantes
Son arrivée tombe en même temps que celle de Tag Alsir Ali Alhibir. Cet ancien avocat respecté devient procureur général. De quoi apporter du sang neuf au sommet du secteur judiciaire. D’autant que depuis plusieurs semaines, des activistes prodémocratie exigeant que les occupants de ces postes soient remplacés à cause de leurs liens avec l’ancien régime.
Sous Omar el-Béchir, l’opposition accusait la justice d’être aux ordres de l’ancien président, qui utilisait les magistrats comme des outils afin de supprimer toute dissidence, et d’enfermer les opposants. Les manifestants exigeaient des personnalités indépendantes avant que la justice ne poursuive des membres de l’ancien régime et les personnes responsables des crimes commis après la chute d’Omar el-Béchir.