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Législatives en Tunisie: taux d’abstention record

Le taux d’abstention atteint un record dans la jeune démocratie tunisienne. La participation aux législatives est de 41,3%, un chiffre bien en deçà du précédent scrutin en 2014.

Ne pas voter n’est pas forcément signe de désintérêt politique dans cette rescapée des « printemps arabes ». Les Tunisiens ont voté dimanche 6 octobre sans grand enthousiasme pour élire leurs députés. Les bureaux ont fermé à 18H00 locales (17H00 GMT), sans que les institutions tunisiennes ni les observateurs européens n’aient noté d’incident majeur.

Le taux de participation au niveau national à 14h30 était de 23, 49% A l’étranger le taux de participation à 15h était de 12%, dont 68% de sexe masculin et 32% de sexe féminin.

Ce faible engouement pour les troisièmes législatives depuis la chute de la dictature en 2011 s’explique par le rejet des élites déjà exprimé au premier tour de la présidentielle le 15 septembre, mais aussi par le calendrier électoral, bousculé par le décès du président Béji Caïd Essebsi en juillet.

Témoignge de jeunes d’abstentionnistes

Cette poussée de l’abstention est révélatrice. Elle est le fruit de promesses non tenues, selon Hissam, la cinquantaine, qui rejette la responsabilité sur la classe politique. « Les gens, ce n’est pas qu’ils ne veulent pas voter. Mais ils n’ont plus confiance. Parce qu’ils ont vu comme les choses sont très chères, l’état des trottoirs, des routes. Alors les gens sont dégoûtés et ne veulent pas voter », affirme-t-elle.

Un désintérêt confirmé pas Oussem, étudiant qui a privilégié ses engagements personnels au fait de glisser un bulletin dans l’urne. « J’étais trop pris par rapport à un travail », confie-t-il. Quant à savoir si cela aurait été important de voter, il estime que « oui, bien sûr, surtout dans le cas actuel ». « En même temps si tout le monde pense comme moi, ça peut être grave parce que chacun va mettre en priorité ses  propres intérêts. Et à partir de là, les gens ne vont pas voter », ajoute-t-il.

Pour autant, Nabil, 25 ans, qui passe de la salle de sport au bureau de vote, affirme qu’il ne faut pas blâmer les abstentionnistes dont il a fait partie jusqu’à récemment. « Moi, je n’allais pas voter parce que je n’avais pas un candidat qui reflétait vraiment mes attentions. Et c’est pour ça peut-être qu’ils ne veulent pas voter parce qu’ils n’ont pas quelqu’un à choisir. Et je suis sûr que même s’ils ne vont pas voter, ils se sentent mal à l’aise de ne pas voter, de ne pas trouver un candidat parfait pour réaliser leurs rêves », souligne-t-il.

De nombreux abstentionnistes, citoyens désabusés, affirment, paradoxe étonnant, cultiver une conscience politique et sont prêts à voter dimanche prochain pour le deuxième tour de la présidentielle après avoir fait l’impasse des législatives.

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