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Mirvat Hussein: «Réhabiliter la femme soudanaise à travers le football»

Mirvat Hussein est la présidente de la commission du football féminin au sein de la Fédération soudanaise (SFA). Elle est l’initiatrice du premier championnat national pour femmes. Depuis 15 ans, elle présente à la télévision soudanaise un programme hebdomadaire consacré au ballon rond.

RFI : Mirvat Hussein, comment vous est-il venu l’idée de ce championnat féminin, une première pour le Soudan ?

Mirvat Hussein : C’est la fédération soudanaise de football qui organise habituellement les championnats dans le pays. En 2017, pour la première fois, une femme a été élue membre du conseil administratif de la fédération et c’était moi. J’ai alors créé un comité qui avait pour mission de diffuser la culture du football féminin au Soudan. Auparavant, nous n’avions pas des championnats. Il y avait juste des initiatives personnelles de la part de jeunes femmes amateurs qui avaient formé eux même trois équipes féminines. Ces équipes n’étaient pas enregistrées à la fédération. Ces trois équipes organisaient des tournois entre elles. Il y a 18 mois, la fédération a ouvert la porte aux inscriptions des équipes féminines. En plus des trois équipes qui existaient déjà, nous avons vu arriver 18 nouvelles équipes. Aujourd’hui, 21 équipes sont enregistrées à la fédération soudanaise et elles participent toutes à ce championnat.

Organiser ce championnat de football féminin au Soudan, était-ce un grand défi pour votre commission ?

Nous n’avons eu que quelques mois pour organiser ce championnat. Et nous avons essayé de bien organisé les choses pour réussir à le lancer le 30 septembre dernier. Ces équipes ont été totalement soutenues par la commission de football féminin et la fédération de football. Nous les avons appuyés en fournissant les aides logistiques, les matériels sportifs. Nous avons également formé les joueuses, les entraineuses et des arbitres femmes pour les matches.

Le début du Championnat féminin de football au Soudan, en vidéo.

Comment s’organise ce nouveau championnat ?

Il y a donc 21 équipes réparties en quatre groupes. Chacun de ces groupes jouent dans une ville : Khartoum, al Obayid, Madani et Cadoucli. Chaque groupe est composé de cinq équipes, sauf celui de Cadoucli qui regroupe six équipes.

Quel est le niveau général de ces équipes récemment formées ?

Je pense que le niveau est moyen. La majorité des équipes s’est bien préparé. Mais il faut préciser, qu’en cette période, nous accordons la plus grande importance au fait d’avoir lancé ce championnat que nous allons enraciner dans notre réalité. Nous y accordons beaucoup plus d’importance qu’au niveau technique élevé des joueuses. Mais, les premiers matches ont montré que le niveau technique était prometteur. Ainsi nous pourrions, dans une courte période, former une équipe féminine nationale qui pourra participer aux championnats régionaux et internationaux.

Comment la société soudanaise perçoit ce championnat ?

La société a accepté l’idée, mais certains sont réticents à l’idée de transmettre les matches à la télévision.

L’organisation de ce championnat s’accompagne avec les changements politiques et sociaux qui ont lieu au Soudan depuis plusieurs mois. Organiser ce championnat en ce moment acquiert-il aussi une valeur symbolique, pour vous ?

Ce championnat est une nouvelle victoire pour la femme soudanaise. Il signifie plus de souplesse dans la façon de considérer la femme ; plus d’espace de liberté pour pratiquer les activités sportives. À travers le football, notre ambition vise à réhabiliter la femme, à renforcer son rôle dans la société et à créer une sorte de responsabilité sociale collective. Nous dirons aux Soudanais : soyez patients avec nous, ne jugez pas rapidement cette expérience naissante. Grâce au football nous pourrions construire un avenir meilleur pour la femme soudanaise.

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