En l’absence de règlementation au Sénégal, les tradi-praticiens eux-mêmes dénoncent les mauvaises pratiques de « charlatans » prompts à dépouiller les patients crédules.
Au Sénégal, la médecine traditionnelle garde une place importante dans le système de santé. Selon l’OMS, qui célèbre chaque année la « Journée africaine de la médecine traditionnelle », 80% de la population du continent se fait traiter par des tradi-praticiens.
« La médecine traditionnelle peut collaborer avec la médecine moderne »
Mal au dos, aux dents, aux pieds, problèmes d’infertilité, désir d’augmenter le volume de son fessier… Dans le centre de Dakar, les petites annonces de guérisseurs pullulent, sans compter les publicités mensongères sur Internet. Mamadou Bâ pratique la médecine traditionnelle depuis le début des années 1980, mais il reconnaît ses limites. « Pour la tuberculose, il faut d’abord envoyer le patient à l’hôpital faire des analyses, explique-t-il. Pour le paludisme, faire des tests. Pour les femmes enceintes, il faut une échographie. Ça, au niveau de la médecine traditionnelle, ce n’est pas possible. Mais elle peut collaborer avec la médecine moderne. »
Pour l’ONG Gestü de Mamadou Bâ, il faut plus de complémentarité entre les deux médecines. Plus de formation aussi, pour éviter des risques sur la santé publique. « Quand une personne est malade, elle est complètement dans le désarroi. Elle est une proie facile pour les charlatans. C’est lié au pouvoir de l’argent et au gain facile. Ils racontent des contre-vérités. »
D’où son appel à une professionnalisation. Un projet de loi pour réglementer la médecine traditionnelle avait bien été adopté en conseil des ministres en 2017. Mais catégoriquement rejeté par l’Ordre des médecins, il n’a depuis pas été soumis à l’Assemblée.
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