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Jacques Chirac, des liens étroits avec les dirigeants africains

Depuis le général de Gaulle, tous les présidents français se sont fait qualifier « d’Africain ». Dans le cas de Jacques Chirac, souvent appelé « Chirac l'Africain », le surnom ne semble pas usurpé tant ses liens avec le continent et ses leaders étaient forts.

Aucun autre président français n'entretient des relations aussi étroites avec des dirigeants africains que Jacques Chirac tout au long de sa vie politique. Il y a d’abord Nelson Mandela, l'icône de la lutte antiapartheid. Dans les mémoires de l’ancien président français, l’ex-chef de l’État sud-africain est sans grande surprise qualifié de « symbole universel de vérité, de justice et de tolérance ».

Plus croustillant, Jacques Chirac avait raconté aussi s'être engagé en faveur de Nelson Mandela dès le début des années 1970 en participant au financement de l'ANC. Et ce à la demande d'un autre grand ami de Jacques Chirac : le roi du Maroc de l'époque, Hassan II.

D’ailleurs lors des obsèques de Hassan II, en 1999, Jacques Chirac, devenu président, est reçu par la famille. Peu de dirigeants occidentaux le seront. Les indiscrétions confèrent même à Jacques Chirac un statut de médiateur, d’arbitre au sein de la famille royale marocaine.

L’Algérie

Parmi les pays africains avec lesquels Jacques Chirac a entretenu une relation particulière, il y a l'Algérie. L'ex-chef de l'État a fait la guerre d'Algérie en tant qu'officier à partir de 1956 et a été profondément marqué par cette expérience. Quarante ans plus tard, devenu chef de l'Etat, et malgré quelques malentendus, il contribue à la réconciliation entre Paris et Alger.

En 2001, Jacques Chirac reconnaît officiellement la dette de la France vis-à-vis des harkis, ces musulmans qui ont combattu dans l'armée française entre 1954 et 1962. Puis il y a le mémorial en 2002, à Paris, dédié aux soldats français et harkis tombés en Algérie. Tout un symbole, même si la date choisie pour l'inauguration fait débat : « Soldats de métier, combattants volontaires, Français musulmans engagés dans les forces supplétives, tous ont connu les mêmes épreuves. Notre République doit assurer son devoir de mémoire, elle associe dans un même hommage ses enfants de toutes origines morts pour la France », déclare celui qui est encore président.

Un an plus tard, une foule en liesse accueille Jacques Chirac à Alger. C'est la première visite d'un chef d'État français depuis l'indépendance. Jacques Chirac multiplie les gestes de rapprochement allant jusqu'à offrir au président Bouteflika le sceau que le dey d'Alger a remis lors sa reddition au corps expéditionnaire français en 1930.

Le président Jacques Chirac lors de sa visite en Algérie, le 3 mars 2003. © PATRICK KOVARIK / AFP

Le président français montre des signes de rapprochement avec son homologue algérien. Abdelaziz Bouteflika est qualifié de « charmeur, habile et pragmatique ». Abdelaziz Bouteflika, élu en 1999, était pour Jacques Chirac « porteur d'un souffle nouveau pour l'Algérie » et notamment en termes « d’ouverture démocratique ».

Mais l'idylle est de courte durée. En 2005, l'adoption par la France d'une loi qui évoque le « rôle positif » de la colonisation met le feu aux poudres. Jacques Chirac fera abroger ce texte, mais trop tard. L'épisode a durablement marqué les esprits.

Le souvenir que me laisse Jacques Chirac, c’est qu’une réconciliation populaire entre l’Algérie et la France est possible. C’est quelque chose qui s’est réalisé que j’ai pu voir, constater. Des Algériens qui applaudissent chaleureusement un président français.

Ihsane el-Kadi, journaliste et directeur du groupe Interface Média
27-09-2019 - Par Leïla Beratto

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