L’ancien président français est mort ce jeudi matin à l’âge de 86 ans. Président de la République française pendant 12 ans, de 1995 à 2007, il n’apparaissait plus en public depuis plusieurs années. Figure majeure de la droite française, c’est aussi une figure majeure de la politique française vis-à-vis du continent africain.
Jacques Chirac a souvent été présenté comme l’avocat de l’Afrique auprès des grandes instances internationales, plaidant par exemple pour l’annulation partielle de la dette, et pour le développement. Au début des années 2000, avec le Britannique Tony Blair, il sera le parrain du Nepad, le nouveau partenariat pour le développement en Afrique, qui vise à coordonner des programmes de développement au niveau continental.
L’Afrique est riche, mais les Africains ne le sont pas.
De manière générale, l’avocat Chirac plaide pour une plus grande implication des pays riches dans la lutte contre les épidémies comme le paludisme, le sida ou la tuberculose en Afrique. Jacques Chirac fera même venir au G8 d’Évian, en 2003, 19 pays émergents. Les espoirs d’un plan Marshall pour le développement sont alors douchés, victimes du refroidissement des relations entre Paris et Washington en raison de la guerre en Irak.
Sous la présidence Chirac, l’aide publique au développement de la France aura augmenté, pour atteindre 0,5% du PIB en 2007. On se souvient aussi de la « taxe Chirac » sur les billets d’avion en 2006, qui ne sera prélevée finalement que sur les passagers au départ de la France. Une action qu’il souhaitera poursuivre via la fondation qu’il met sur pied en quittant l’Élysée, et qui se consacre notamment à la lutte contre les faux médicaments, contre la déforestation, et pour l’accès à l’eau ; des thèmes prépondérants en Afrique.
Héritier de la Françafrique
Sur le plan politique, Jacques Chirac, c’est une conception de l’Afrique qualifiée parfois de « paternaliste », héritée de la Françafrique gaulliste. En 1990, l’opposant Chirac estime que le multipartisme est un « luxe » pour les pays d’Afrique. En 1995 dès son élection, il fait venir à l’Élysée Jacques Foccart, le M. Afrique de De Gaulle.
J’aime et je respecte l’Afrique.
En 2003, en visite dans la Tunisie de Ben Ali, le président français aura cette phrase : « Le premier des droits de l’homme, c’est d’avoir à manger, d’être soigné et de recevoir une éducation. De ce point de vue, la Tunisie est en avance. »
Les deux mandats présidentiels de Jacques Chirac auront été marqués par un certain nombre d’opérations militaires françaises en Afrique. La plus importante est l’opération Licorne, en Côte d’Ivoire. En 2002, les forces françaises s’interposent entre les rebelles du Nord et les forces loyales au président Gbagbo dans le sud du pays.
L’opération passera ensuite sous mandat onusien. Opération marquée en 2004 par la riposte française au bombardement d’une de ses bases et à la mort de neuf de ses soldats. Jacques Chirac ordonne la destruction des avions ivoiriens. Un épisode qui fait monter la tension anti-française qui culminera avec la fusillade de l’hôtel Ivoire à Abidjan, au cours duquel des militaires français, pris au piège, ouvrent le feu sur une foule de manifestants hostiles.
Plusieurs interventions en Centrafrique
En 2003, la France intervient militairement dans l’est de la RDC, au nom de l’Union européenne et sous mandat de l’ONU, pour faire cesser le conflit en Ituri. Parfois sous mandat onusien, les interventions de l’ère Chirac s’appuient souvent sur les accords de défense avec les pays concernés, mais elles peuvent se justifier par la nécessité de protéger les ressortissants français et étrangers, comme à Brazzaville et Kinshasa en 1997 et 1998.
En Centrafrique, les militaires français interviennent en 1996 lors d’une mutinerie pour protéger les Français et le régime Patassé. Plus tard, en 2006 et 2007, les militaires français sauveront le régime Bozizé, aux prises avec une rébellion dans le nord-est du pays. Au Tchad en 2006, en vertu des accords de défense qui lient Paris et Ndjamena, les avions français arrêteront une colonne rebelle à 250 km de la capitale. Mais la première intervention autorisée par le président Chirac est celle visant à arrêter Bob Denard et ses hommes aux Comores, où le mercenaire avait tenté un coup d’État.
Jacques Chirac cultivait aussi des amitiés personnelles avec les dirigeants de régime controversés. Omar Bongo, Gnassimbé Eyadéma, Paul Biia entre autres comptent au nombre de ses « proches ». Des relations personnelles qui lui seront reprochées souvent et qui auront suscité de la défiance voire des inimitiés parmi nombre d’opposants et au sein de la nouvelle génération de dirigeants africains.
C’est un être cher que la France perd…