Des magistrats ont reporté au mercredi 2 octobre leur délibéré sur la remise en liberté de Nabil Karoui qualifié au second tour de la présidentielle. L’homme d’affaires est en prison depuis le 23 août pour blanchiment d’argent.
Plusieurs personnalités politiques et la mission d’observation des élections de l’Union européenne ont demandé aux autorités de lui permettre de battre campagne. Le président de l’ISIE, l’instance en charge des élections, n’a eu de cesse ces derniers jours de rappeler que seule la libération de Nabil Karoui permettrait l’égalité de traitement entre les candidats.
Après plusieurs demandes de remise en liberté rejetées, le comité de défense de Nabil Karoui avait adressé une nouvelle requête auprès de la chambre d’accusation près la cour d’appel de Tunis. Mais cette dernière a invoqué, mercredi après-midi, son droit de faire grève pour reporter son délibéré.
Sur le fond, la requête des avocats de Nabil Karoui reste la même : ils demandent sa remise en liberté afin qu’il puisse participer à la campagne pour le second tour de la présidentielle. Ses avocats ont obtenu la récusation du président de la chambre d’appel, qui avait délivré le mandat de dépôt et rejeté une précédente demande de remise en liberté.
Résultat : trois autres juges ont été désignés pour prendre en main le dossier. Ce qui suscite un certain optimisme de la part de sa défense : « c’est une garantie d’indépendance », commente l’un de ses avocats.
Droit de grève
En revanche, les magistrats ont invoqué leur droit de faire grève ce mercredi, repoussant leur délibéré d’une semaine. À travers ce geste, les juges veulent attirer l’attention des médias sur un mouvement d’humeur initié il y a quelques jours par l’Association des magistrats tunisiens concernant une tout autre affaire.
Les magistrats protestent contre une intrusion la semaine dernière d’avocats du comité de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, opposants assassinés en 2013, qui ont manifesté dans le tribunal pour réclamer l’avancée du dossier.
Mais dans les faits, le report de ce délibéré ne clarifie pas les choses pour les partisans de Qalb Tounes, le parti de Nabil Karoui. « Son parti sera privé de lui pour la campagne pour les législatives du 6 octobre », observe avec amertume l’un de ses conseillers. Or ce scrutin sera très certainement un élément décisif du choix des électeurs pour la présidentielle qui se déroulera la semaine suivante.