Une cinquantaine de pays dans le monde, dont les deux tiers en Afrique, sont confrontés au virus de la fièvre jaune. Virus contre lequel il existe un vaccin très efficace qu’il suffit d’administrer une seule fois pour avoir une protection pour toute la vie. Du moins, le pensait-on…
Une étude parue dans la prestigieuse revue médicale The Lancet montre en effet que si cette dose unique est en effet efficace pour une très grande majorité de la population, c’est moins vrai pour les enfants en bas âge et qu’il convient alors de revoir la stratégie vaccinale mondiale.
Avant, le vaccin contre la fièvre jaune devait être suivi de rappels tous les 10 ans, mais il est tellement efficace qu’on s’est rendu compte que ces rappels n’étaient pas forcément nécessaires. Ainsi, depuis 2013, l’Organisation mondiale de la santé recommande une dose unique pour une protection à vie. Toutes les données recueillies sur les adultes et les enfants de plus de deux ans confirment ce choix.
Mais voilà, il manquait des données sur les enfants de moins de deux ans, ce qui est embêtant, car ce sont justement eux la première cible des campagnes de vaccination de routine pour lutter contre l’épidémie. Cette étude vient donc répondre à ce manque et ce qu’elle a découvert ne va pas dans le bon sens.
Rappel nécessaire pour les nourrissons
Sur le millier d’enfants suivis au Mali et au Ghana, tous vaccinés à l’âge de 9 mois, environ la moitié ne sont plus protégés deux à cinq ans plus tard.
José Enrique Mejia est chercheur à l’Inserm. Il a dirigé ces recherches. « Ces enfants ont été étudiés une première fois par une autre équipe, explique-t-il. Quatre semaines après la vaccination, il y avait un taux de succès très élevé. Par contre quand nous reprenons les mêmes populations d’enfants vaccinés, deux à six ans plus tard, on constate une perte des anticorps neutralisants contre les virus de la fièvre jaune. Une perte chez une proportion très importante des enfants qui étaient initialement protégés. Ce que nous tendons à montrer, c’est que la vaccination des jeunes enfants ne garantit pas nécessairement cette immunité chez les populations qu’elle protège contre le risque épidémique ».
Ces résultats demandent cependant à être précisés, pour mieux comprendre comment et à quel rythme s’affaiblit cette protection. Mais cela suggère déjà qu’un rappel de vaccin devra éventuellement être nécessaire pour les nourrissons.
Pour prévenir ces risques, il faut qu’au moins 80% de la population soit protégée. Dès lors, faut-il instituer un rappel du vaccin de la fièvre jaune pour les jeunes enfants. La question est posée à l’OMS et cette étude apporte quelques éléments de réponses.
Pour les enfants plus grands et les adultes, en revanche, la dose unique continue de démontrer son efficacité.