Zine el-Abidine Ben Ali, est mort, après 8 ans d’exil en Arabie saoudite. L’ancien président tunisien se targuait d’avoir « fait de la Tunisie un pays moderne », mais ses prisons étaient pleines d’opposants politiques. Sa chute, en 2011, a marqué le point de départ du « Printemps arabe ». Radhia Nasraoui, militante des droits de l’homme, revient sur ses 23 années au pouvoir.
RFI : Comment avez-vous réagi à l’annonce de la mort de Zine el-Abidine Ben Ali ?
Radhia Nasraoui : C’est la fin d’un dictateur. Cela ne peut que me rappeler tous les crimes commis sous son régime et pour lesquels il n’aura jamais été ni jugé ni condamné [NDLR, Zine el-Abidine Ben Ali a été jugé par contumace en 2018 à plus de 200 années de prison, mais n’a jamais été extradé malgré une demande des autorités tunisiennes]. C’était des années de plomb.
Mais est-ce que son régime n’avait que des mauvais côtés ?
Il faut dire que lorsqu’il s’agit d’une dictature qui a réprimé, torturé, appauvri tout un peuple, on ne peut pas parler de côté positif. On ne peut pas n’avoir qu’un jugement global.
N’y avait-il pas tout de même une certaine prospérité économique ?
Prospérité économique pour sa famille et son entourage.
Regrettez-vous que l’Arabie saoudite ne l’ait jamais extradé ?
Il faut dire que oui. Je regrette, parce que j’aurais bien voulu, et je ne suis pas la seule, que l’Arabie saoudite l’extrade pour qu’il soit jugé, condamné pour ses crimes.
Il n’y aura jamais de procès Ben Ali ?
Non. C’est une frustration.
A-t-il le droit à vos yeux d’être enterré dans le sol tunisien ?
Oui. Pourquoi pas.
Que reste-t-il de son régime à vos yeux ?
La corruption, la pratique de la torture, les choix économiques et sociaux antipopulaires.
Cela existe encore aujourd’hui ?
Oui.
Et y a-t-il encore chez les deux finalistes de cette année, Kaïs Saïed et Nabil Karoui, des réflexes benalistes ?
Oui. Il y a en quelque sorte une tendance au pouvoir personnel couverte par un discours démagogique.
Donc, vous n’êtes pas rassurée par l’issue de cette élection présidentielle ?
Non. Je ne suis pas rassurée.
Ni par l’un ni par l’autre ?
Ni par l’un ni par l’autre.
Vous n’avez pas de préférence ?
Non.