Avec 15,58 % des voix, Nabil Karoui est qualifié pour le second tour de la présidentielle face à Kaïs Saïed. Mais l’homme d’affaires de 56 ans est actuellement emprisonné pour des soupçons de fraude fiscale. Son équipe de campagne a déposé ce mardi une nouvelle demande de libération.
Les pressions se sont accentuées ces dernières heures sur le pouvoir judiciaire afin de desserrer l’étau autour de Nabil Karoui. En détention provisoire, le publicitaire n’a pas encore été jugé et nombre d’observateurs, à l’image du vice-président du Parlement européen, demandent qu’il puisse faire campagne de manière équitable.
Fabio Massimo Castaldo, à la tête de la mission européenne d’observation du scrutin, demande aux autorités la mise en place de mesures afin de permettre l’égalité des chances de tous les candidats. Une égalité qui n’est aujourd’hui pas assurée puisque l’homme de télévision est en prison.
« Notre mission ne se prononce pas sur les décisions prises par la justice. Nous, on se prononce sur le respect du principe d’égalité des chances pour tous les candidats. On a justement demandé aux autorités de mettre en oeuvre les mesures qui sont possibles pour assurer ce principe. »
Même tonalité du côté de la mission d’observation du Centre Carter. « Nous avons indiqué qu’il y avait un problème d’égalité des chances puisqu’un des candidats n’a pas pu concourir avec les mêmes chances que ses concurrents », a expliqué Tana de Zulueta, ancien membre du Parlement italien. Plusieurs chancelleries occidentales, réfutant toute ingérence, s’étonnent également que le candidat ne puisse pas faire campagne.
L’immunité présidentielle pas rétroactive
De sa libération à une possibilité de participer au débat d’entre deux tours, d’un élargissement de ses droits de visites à sa possibilité de voter, le spectre des mesures à mettre en place pour favoriser cette égalité des chances est très large selon les observateurs.
Néanmoins, même s’il était libéré, voire élu, cela ne signifierait pas la fin de ses déboires judiciaires car l’immunité présidentielle n’est pas rétroactive. L’ISIE, l’instance en charge du bon déroulement des élections, a précisé que s’il l’emportait au second tour tout en étant en prison, elle l’annoncera et transmettra le dossier à l’assemblée des représentants du peuple. La question serait ensuite tranchée entre les députés et l’autorité judiciaire. Une manière de rappeler que c’est à la justice de trancher.
L’ISIE a adressé des demandes officielles au ministère de la Justice, au conseil supérieur de la magistrature pour demander d’accorder au candidat Nabil Karoui le droit de participer [à la campagne du second tour] – d’une manière ou d’une autre –même en prison.
Une lourde condamnation avant le deuxième tour pourrait toutefois l’empêcher de concourir, mais une faible peine sans déchéances des droits ne l’en empêcherait pas. Selon la Constitution et la présomption d’innocence, Nabil Karoui reste donc toujours en lice pour la présidence.
Sa femme et sa fille ont l’autorisation de lui rendre visite une fois par semaine et ses avocats, tous les jours jusqu’à 16h.
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