Marc Ravalomanana, dont chacun pensait qu’il se représenterait à la mairie de la capitale, a finalement cédé sa place pour un illustre inconnu. Face à lui, le régime présidentiel a sorti l’artillerie lourde et a propulsé l’actuel ministre des Affaires étrangères sur le ring. Objectif : ravir l’hôtel de ville, le dernier bastion du pouvoir encore conservé par le clan Ravalomanana – sa femme Lalao Ravalomanana en est l’actuelle mairesse. À Antananarivo, retour sur une journée de clôture du dépôt de candidatures pour les élections municipales et communales riche en surprises.
Le suspens aura duré jusqu’à la dernière minute. À quelques secondes de la fin du dépôt de candidatures, contre toute attente, ce n’est pas Marc Ravalomanana qui se présente au bureau de la Céni pour déposer son dossier au nom du TIM, mais un certain Ny Rina Randriamasinoro, 36 ans, actuel secrétaire général de la Commune urbaine d’Antananarivo et inconnu du grand public.
« C’est un défi ! M. le président [du Tim, le parti fondé et présidé par Marc Ravalomanana, ndlr] m’a choisi pour faire le défi ici à Tananarive. Donc je suis prêt pour affronter cette difficulté », a-t-il déclaré.
À ses côtés, Olga Ramalason, la porte-parole du TIM précise : « C’est vraiment une décision très réfléchie au niveau du parti et au niveau de Marc Ravalomanana. Une décision de sagesse qu’il a exprimée. »
En aucun cas un « retrait de la vie politique », souligne-t-on en coulisses, puisque ce dernier convoiterait toujours le poste de chef de l’opposition. Des proches affirment toutefois que le matin même, sa volonté de candidater à la mairie était encore d’actualité.
Dans le camp adverse, il a fallu là aussi attendre la fin d’après-midi pour connaître le nom du candidat présenté par l’IRD, la plateforme de soutien au président Rajoelina. Et c’est durant une cérémonie en grande pompe à laquelle des centaines de personnes ont assisté (au premier rang desquelles Mamy Ravatomanga, homme d’affaires sulfureux et intime du président, patrons de presse, industriels, etc.), que l’annonce a été faite. C’est donc Naina Andriantsitohaina, 56 ans, actuel ministre des Affaires étrangères et grand nom de l’industrie malgache, qui a été choisi :
« Je suis un enfant de Tana et je n’ai jamais fait de politique jusqu’à aujourd’hui. Et il était temps qu’on fasse quelque chose pour la ville. On ne peut plus supporter la ville dans l’état dans laquelle elle est aujourd’hui. Il faut qu’on réagisse, que Tana se reprenne ! »
Fustigeant les pratiques de l’actuelle mairesse sans jamais la nommer et les failles de son administration, le ministre a promis de lutter contre la corruption, de faire de Tana une capitale moderne, et de résoudre les problèmes de ramassage d’ordures, de pollution, de pauvreté, d’urbanisme et de foncier.
Face à ces deux figures de proue des deux principaux partis de l’île, trois autres candidats, Alban Rakotoarisoa, Feno Andrianjoelina et Eliace Ralaiarimanana, se sont inscrits pour tenter de briguer le poste de premier magistrat de la « ville des mille ».