Étape à Dakar pour l’« Arctic Sunrise », le brise-glace de l’ONG Greenpeace en expédition de l’Arctique à l’Antarctique pour sensibiliser sur la protection des océans. L’occasion pour l’organisation de défense de l’environnement de présenter son rapport sur les usines de farine et d’huile de poisson en Afrique de l’Ouest. Reportage au Sénégal.
Couleurs de l’arc-en-ciel en proue et sous un soleil de plomb, l’Arctic Sunrise fait une pause dans son périple de pôle en pôle. À l’intérieur, Voré Gana Seck de l’ONG Green Sénégal est un peu souffrante, mais retrouve sa verve pour dénoncer les usines de farines de poisson au Sénégal : « C’est une catastrophe. Pour une tonne de farine de poisson, il faut cinq tonnes de poissons. Il nous faut une régulation sinon nos mers vont être pompées. Et quand nos pêcheurs n’ont plus accès à la ressource, qu’est-ce qu’ils font ? Ils prennent les pirogues. »
« On a un problème de sécurité alimentaire »
Ces farines sont exportées pour nourrir les poissons d’élevage ou d’autres animaux. Selon Greenpeace, une cinquantaine d’usines opèrent au Sénégal, en Gambie, et surtout en Mauritanie. Le défenseur de l’environnement Hidi Taleb Ely est venu de Nouadhibou : « La majorité, ce sont des Chinois et des Turcs. On a un problème de sécurité alimentaire. On a deux millions de tonnes de poissons, on doit le manger. On doit le vendre aussi, nous, pas les Chinois, pas les Turcs. »
« Limiter les nouvelles licences » ?
C’est dans ce sens que la Gambie a pris des premières mesures, selon le directeur adjoint gambien des pêches, Momodou Sidibeh : « Nous n’avons que trois usines de farines de poisson en Gambie. Et aujourd’hui, le gouvernement a gelé les autorisations. Mais nous encourageons les autres acteurs de la région à limiter les nouvelles licences. »
Une réponse commune, pour des ressources communes. Sénégal, Mauritanie, Gambie, tous dans le même bateau.