Au Tchad, l’Assemblée nationale a approuvé mardi 10 septembre la prorogation de l’état d’urgence instauré le 20 août dernier pour faire face aux conflits intercommunautaires dans trois provinces de l’est et du nord du pays. La prorogation sera de quatre mois et permettra de mettre fin à l’insécurité, selon le gouvernement. Mais pour l’opposition, l’état d’urgence ne changera rien à la situation.
L’opposition savait que ce serait une bataille perdue. Mais elle ne s’est pas retenue. Pour le député Gali Ngote Gata, « la sécurité, la justice et l’administration ne font pas leur travail. Voter une loi de prorogation d’état d’urgence ne peut être qu’une loi de sursis. Cette loi ne sortira pas le Tchad de cette crise actuelle » a-t-il lancé.
D’autres parlementaires ont dénoncé les exactions contre les populations de ces provinces qui ont perdu qui, une moto, qui dès bijoux, qui de l’argent.
Le gouvernement, représenté par cinq ministres à ce débat, n’a pas reconnu les faits mais à promis attirer l’attention des forces de l’ordre. « Franchement, je n’ai pas constaté d’abus des forces de défense. On n’a pas de preuves, ni de plaintes qui disent que les forces ont abusé. Mais comme la question est posée par la presse, par les députés, par tout le monde, vous m’obligez à dire aux forces de défense « attention, ne faites pas ça » », explique Abali Salah, ministre de la Défense.
Le gouvernement a aussi indiqué que des couloirs seront ouverts au niveau des frontières pour permettre aux populations de ces trois provinces pour permettre aux populations d’aller s’approvisionner en produits de première nécessité au Soudan et en Libye.
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Par ailleurs, vingt-et-un jours après la déclaration de l’état d’urgence dans ces trois provinces de l’est, le gouvernement n’a pas encore sorti un rapport sur ce qui s’y passe. La Convention tchadienne de défense des droits de l’homme reconnaît que l’état d’urgence a permis d’arrêter les affrontements intercommunautaires qui s’observaient il y a encore quelques semaines, mais c’est au prix de nombreuses violations des droits de l’homme regrette son président, Mahamat Nour Ahmed Ibedou, qui assure qu’il y a des photos d’actes de torture.
Quand les soldats fouillent dans les maisons pour chercher des armes, ils se mettent à piller. […] Sur simple dénonciation, on arrête quelqu’un, on le torture pour qu’il sorte ses armes. Ca s’est transformé en règlements de comptes. Il y a des tortures atroces. Certaines informations qui arrivent de nos points focaux sont vraiment alarmantes : cela passe par des passages à tabac, des traitements dégradants et quelque fois […] les bouts de plastiques brûlés, on les faits tomber sur le corps des victimes et ça les brûle.