De l’espoir pour l’espace Kasaï. Une antenne de la Banque mondiale devrait être installée très prochainement dans la ville de Kananga pour des actions de développement à mener dans les cinq provinces de cette partie du pays. En séjour au chef-lieu du Kasaï central depuis quelques jours, une délégation de cette institution financière internationale repart ce lundi à Kinshasa après une mission d’évaluation des actions prioritaires à mener dans cet espace.
Le vice-gouverneur du Kasaï central, Ambroise Kamukuni, qui a accueilli cette mission, s’est dit satisfait de la décision de la Banque mondiale de discuter dorénavant avec les provinces pour connaître et comprendre leurs vrais besoins. Et il a espoir que désormais les choses pourront changer. Il faut dire que depuis l’adoption de la Constitution, la question de la répartition des recettes entre le gouvernement central et les provinces n’a jamais été réglée.
De son côté, le Dr Michel Muvudi, chef de la délégation de la Banque mondiale, pense qu’en allant dans les entités décentralisées, on y perçoit mieux les urgences des populations. Avec les cinq provinces qui le composent, explique le Dr Muvudi, l’espace Kasaï figure parmi les neuf provinces de la RDC dont les populations sont les plus pauvres.
Grands projets abandonnés, écoles en décrépitude, quelques hôpitaux, routes quasi inexistantes, explique un commerçant de Lodja. Selon cet opérateur économique, les récentes violences avec le phénomène Kamwina Nsapu ont emporté même le peu d’infrastructures qui pouvait encore exister. Considéré comme le bastion de l’opposition aux précédents régimes, le Kasaï a longtemps été délaissé, se plaint un vieux politicien qui espère avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi le changement promis.
■ Des projets en attentes depuis des décennies
La présidence, le gouvernement central et la société civile sont tous d’accord sur les projets à entreprendre, routes, ponts, barrages. Mais la plupart de ces projets datent de l’époque du maréchal Mobutu. Le barrage hydroélectrique de Katende est sans doute l’un des projets les plus emblématiques. À l’époque du Maréchal Mobutu, les notables s’étaient déjà cotisés pour financer les cinq premiers millions de ce projet, se souvient l’un d’eux.
La rivière Kasaï est l’un des principaux influents du fleuve Congo. Depuis l’époque du Maréchal, il avait été identifié que la présence de nombreuses chutes d’eau comme celles de Katende rendait possible la production d’électricité. Son potentiel est estimé à 685 mégawatts. Or la production dans l’espace Kasaï est aujourd’hui la plus faible de toutes les régions du Congo avec environ 16 000 kWh, soit 0,1% de la production nationale pour environ 16% de la population totale du pays, souligne une étude récente.
Depuis 2001, ce projet a fait l’objet d’un accord de financement entre le gouvernement et plusieurs partenaires indiens représentés par Exim Bank. Ces travaux ont été relancés en 2008, 2013 et 2015 pour finalement être interrompus en 2016 en raison de l’insurrection Kamuina Nsapu.
Même chose pour les axes routiers mis en avant dans le programme des cent jours du chef de l’État. La Banque mondiale les avait déjà identifiés comme nécessitant une intervention de son programme pro routes adopté depuis 2008. Malgré des financements, elles n’ont jamais été réhabilitées sans jamais. « Si avec un président UDPS, rien ne se passe, ce sera à désespérer du Congo », commente un membre de la société civile.