Au Congo-Brazzaville, les statistiques sur les violences à l’égard des femmes et jeunes filles sont peu visibles. Une illustration qui montre que celles qui les subissent les vivent simplement en silence. Elles n’osent ni témoigner ni porter plainte. Néanmoins quelques ONG tentent de sensibiliser, de porter assistance et conseils aux rares victimes qui se présentent à elles. Reportage.
« Oui, c’est moi le numéro 3. » Cette jeune dame qui répond à l’appel à la clinique de santé et de la reproduction de l’Association congolaise pour le bien-être familial (ACBEF) est arrivée dès 7h du matin. Elle et bien d’autres sont venues essentiellement pour le planning familial et apprendre à connaître par cœur les méthodes contraceptives.
Rares sont les fois où elles évoquent les violences dont elles sont victimes même quand les cas sont récents, selon la sage-femme Yolande Aline Alimbi.
« Ici à Brazzaville on peut dire qu’il y a certaines femmes qui sont victimes de ces violences, mais elles n’osent pas dénoncer les auteurs. Disons que dans nos coutumes ça serait une honte de dire que c’est son mari qui l’a violentée ou son frère, son oncle ou encore l’ami du mari. Personne ne le croira aussi », explique la sage-femme assise dans sa salle de consultations.
À en croire Mycoeur Bissiki, point focal du Mouvement d’actions de jeunesse (MAJ) à l’ACBEF, certaines jeunes filles s’exposent aux violences, qu’elles vivent en silence, avant même l’âge de 15 ans.
« La tranche d’âge que nous gérons ici va de 10 à 24 ans. Lorsqu’elles arrivent à notre niveau nous faisons ce qu’on appelle du consulting ? Nous les conseillons en nous mettant à leur place et elles nous disent tout », témoigne-t-il.
Les violences ne sont souvent pas dénoncées parce que les victimes ignorent leurs droits, selon les défenseurs des droits de l’homme.