Suite aux inquiétudes quant à la participation réelle des femmes dans les nouvelles autorités de transition au Soudan, l’Union africaine a envoyé cette semaine à Khartoum, une délégation de solidarité et de partage d’expérience sur ce sujet.
La mission mandatée par l’Union africaine était dirigée par Bineta Diop, envoyée spéciale de l’UA pour les femmes, accompagnée de Catherine Samba-Panza, l’ancienne présidente centrafricaine. Elles ont rencontré les autorités soudanaises, mais aussi des membres de la société civile et des groupes de femmes venues du Darfour et du Nil Bleu.
Alors que le pays attend toujours la formation de son gouvernement, Bineta Diop explique les inquiétudes et les attentes des femmes soudanaises qu’elle a rencontrées. La plupart d’entre elles « demandent à ne pas être oubliées », résume l’envoyée de l’UA.
Sur le devant de la scène
« Ce sont les femmes et les jeunes qui étaient au-devant de la scène pour demander le départ du président el-Béchir, rappelle-t-elle. Elles sont inquiètes puisque quand vous voyez le conseil, il n’y a que deux femmes. Dans les négociations de paix, il n’y a que deux femmes. Dans les listes qui ont été proposées -par les forces pour la liberté et le changement- au Premier ministre Abdalla Hamdok pour la constitution du gouvernement, parmi celles-ci, il y a très peu de femmes. »
Mais au-delà de la question de leur représentation, il faut aussi changer les lois, car elles « ne protègent pas les femmes », souligne Bineta Diop. « Cela a été négligé par l’ancien régime et les femmes le déplorent. Donc, les femmes demandent en premier lieu à réformer les lois dans ce pays et pas seulement les réformer, mais aussi les appliquer. Il y a la question du viol que l’on a vu durant les guerres et les répressions. Les femmes demandent justice et réparation. Donc, c’est également un dossier très brulant qu’il faudra ne pas négliger. »
Réintégration dans la communauté internationale
De retour de sa mission à Khartoum, l’envoyée spéciale de l’Union africaine pour les femmes plaide également pour une réintégration du Soudan au sein de la communauté internationale. Elles ont rencontré le Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, actuellement en train de former son gouvernement.
« Nous devons faire le plaidoyer pour le Soudan pour que le Soudan revienne sur la scène de la communauté internationale. Le Soudan a été banni à cause de son régime, on le comprend, avec la question du tribunal pénal international, mais également le fait que le Soudan était reconnu comme un pays qui soutenait le terrorisme. Maintenant, avec ce gouvernement civil, il faudra plaider pour qu’il soit enlevé de la liste, également au niveau de l’Union africaine -comme le président Moussa Faki l’a dit- car c’était un coup d’État et l’Union africaine ne soutient pas les coups d’État. »
► À lire aussi : Soudan: une déclaration constitutionnelle qui reconnaît le rôle des femmes