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Madagascar: polémique après la vidéo d’un policier abattant un homme à terre

Une vidéo a fait le tour des réseaux sociaux à Madagascar ce week-end. On y voit un policier tuer à bout portant un homme à terre et sans arme. Cela s’est passé vendredi dans le centre de la capitale Antananarivo.

La scène a ému de nombreux internautes qui déplorent les bavures commises par la police. Une vidéo embarrassante alors que la semaine dernière le Premier ministre avait sévèrement critiqué le comportement de la police et exigé « la fin de l’incompétence, du non-respect de la loi et des mauvais comportements. »

Dans cette vidéo de quelques secondes, une centaine de riverains du quartier d’Ampefiloha encerclent un policier cagoulé vêtu de noir qui pointe son arme sur un homme ventre à terre. Devant cette foule, le policier fini par tuer sa cible d’une balle dans la tête. La police indique qu’il s’agit d’un bandit qui prévoyait un braquage avec trois autres complices.

Des échanges de tirs entre ces derniers et les policiers ont eu lieu quelques minutes auparavant dans le quartier d’Antsahamanitra, a précisé le directeur général de la police nationale Dany Rakotozanany lors d’un point de presse vendredi. Deux policiers ont été blessés. Un autre bandit a été tué pendant l’échange de tirs.

« Violation évidente des droits humains »

Les internautes qui ont partagé cette vidéo en masse, dénoncent une « exécution extrajudiciaire », d’autres estiment que le malfaiteur a eu « ce qu’il méritait. » Pour la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) qui s’est rendue sur les lieux pour recueillir des témoignages, il s’agit « d’une violation évidente des droits humains. »

« La personne était à terre. Il aurait été facile de la capturer en vie », explique Seth Andriamarohasina, son rapporteur. « Notre crainte, c’est que ce policier ne soit pas poursuivi. Pour lutter contre l’impunité dans ce genre d’affaires, il faut une volonté réelle du ministre de la Sécurité publique qui est le seul à pouvoir signer l’ordre de poursuite qui permettra à la justice de se saisir de ce dossier », souligne-il.

« Bavures »

Contacté le directeur de cabinet du ministère de la Sécurité publique, le commissaire Estel Ainanirina précise « que les investigations sont toujours en cours pour savoir ce qui s’est passé. »

Dans la réalité très peu de policiers auteurs de bavures se retrouvent devant un tribunal. Une quarantaine de policiers qui avaient incendié plusieurs villages dans le nord-est du pays en 2017 n’ont jamais été mis entre les mains de la justice.

« Evidemment ce genre de dérapage n’est pas la consigne du pouvoir central. Ce qui se passe, c’est qu’il y a des éléments des forces de l’ordre qui commettent des bavures et parfois le corps auquel appartiennent ces fonctionnaires de l’Etat les protège par corporatisme. Il faut vraiment dépasser cela si on veut changer les choses », conclut Seth Andriamarohasina, le rapporteur de la CNIDH.

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