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RCA: Tongolo, le programme de MSF pour soutenir les victimes de viols

À travers son programme à l’hôpital communautaire de Bangui, MSF vient en aide aux victimes de violences sexuelles. L’ONG y prend en charge en moyenne 300 personnes par mois. Des cas en augmentation de 40% depuis le début de l’année du fait du renforcement de ses activités, mais aussi du non-règlement du conflit.

Derrière une porte à l’abri du bruyant hôpital communautaire se trouve Tongolo, le programme de prise en charge des violences sexuelles de Médecins sans frontières (MSF). Parmi les victimes de violences sexuelles prises en charge 40% sont des mineurs.

Cette maman vient pour le suivi de sa fille de 13 ans. Elle a été violée il y a quelques semaines au quartier. Malgré la crainte de la stigmatisation, elle a décidé de l’emmener à l’hôpital. « J’ai décidé de venir pour faire soigner ma fille, raconte-t-elle. Après ce qu’il s’est passé, si je ne viens pas ici à l’hôpital elle risquait de mourir. Parce qu’elle n’a pas encore l’âge d’avoir des rapports sexuels et donc j’ai décidé de venir pour savoir ce qu’il faut faire pour sauver l’enfant. »

MSF assure un suivi médical, mais aussi psychologique des personnes qui se présentent. Un certificat médical gratuit est donné pour permettre des poursuites judiciaires. Mais si les besoins sont énormes, peu d’acteurs travaillent dans ce secteur, explique Beatriz Garci Fernandez, la coordinatrice du projet. « Il y a un grand manque d’acteurs qui travaillent sur la protection, souligne-t-elle. Par protection, on entend mise à l’abri, maisons de transit… Il y a beaucoup d’agressions qui se font à la maison, parfois même au sein des membres de la famille. Parfois, les mineurs qui ont été agressés dorment dans la même chambre que l’agresseur. »

Des violences parfois venues des groupes armés

Parmi les raisons qui expliquent ces viols si nombreux, le conflit notamment qui a rendu ces pratiques communes ainsi que le sentiment d’impunité.

Une petite minorité de ces victimes, souvent oubliée, sont des hommes. Ils représentent 5% des personnes prises en charge par MSF à Bangui. C’est le cas de cet homme qui a subi des violences sexuelles de la part d’hommes de groupes armés. « Ils sont venus et nous ont trouvés dans une cafétéria, témoigne-t-il. On était deux avec le fils de ma sœur. Ils nous ont pris. Ils ont commencé à nous tabasser devant la cafétéria. Et l’un d’entre eux a enlevé son pantalon, puis il a mis son sexe dans ma bouche. Ils m’ont frappé jusqu’à ce que je m’évanouisse. Ce qui m’est arrivé à moi est arrivé à mon neveu. Mais il a refusé de sucer le sexe de l’homme et ils lui ont cassé le bras. Je me sens mal la nuit, j’ai mal aux yeux et j’ai des difficultés à dormir. Ce qu’il m’est arrivé, je ne peux pas le cacher, il faut le dénoncer ouvertement. Ce n’est pas moi seul, il y a beaucoup d’autres gens qui sont victimes de ces traitements, mais ils n’ont pas le courage de les dénoncer. »

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