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Journalistes arrêtés en Éthiopie: des ONG s’inquiètent d’un retour en arrière

Après les arrestations de journalistes à la suite des assassinats politiques qui ont visé les dirigeants de la région Amhara et le chef de l’armée fédérale le 22 juin, des ONG craignent un retour aux anciennes pratiques autoritaires.

A-t-on célébré trop vite l’ouverture de l’Éthiopie ? C’est la question que se pose le Comité pour la protection des journalistes. L’ONG s’inquiète des arrestations de journalistes à la suite des assassinats politiques qui ont visé les dirigeants de la région Amhara et le chef de l’armée fédérale le 22 juin dernier. Amnesty International condamne également la détention de militants politiques. En tout, plusieurs centaines d’individus sont derrière les barreaux selon l’organisation.

Belay Manaye fut journaliste de la presse officielle éthiopienne. Puis il est devenu défenseur de la liberté d’expression. Depuis l’arrivée d’Abiy Ahmed au pouvoir, les temps difficiles étaient passés pensait-il. Belay Manaye dirige désormais l’hebdomadaire Berera, un journal clairement d’orientation nationaliste amhara. Certains l’accusent de jeter de l’huile sur le feu éthiopien.

Mais cela justifie-t-il que son patron, Berihun Adane, soit en prison depuis plus d’un mois ? Belay Manaye ne le croit pas. « Je sais qu’il était bien occupé avec ses activités journalistiques à la rédaction. Bien sûr, il y a des personnes à interroger et c’est de la responsabilité du gouvernement de savoir ce qu’il s’est passé le 22 juin, mais nous devons faire très attention lorsque nous prenons des mesures contre des citoyens », souligne-t-il.

Belay Manaye estime que cette vague d’arrestations profite de l’enquête sur les assassinats politiques pour s’attaquer à des opposants : des nationalistes amharas mais aussi, à Addis-Abeba, des militants qui dénoncent la mainmise oromo sur la capitale.

« Les policiers se sont davantage concentrés sur leurs activités militantes que sur leur lien avec les assassinats », affirme Atnaf Berhane, du Centre pour l’avancement des droits et de la démocratie.

La porte-parole du Premier ministre assure au Comité pour la protection des journalistes que les interpellations « ne sont pas toujours en lien avec leurs activités journalistiques ».

Quant à Abiy Ahmed, il rappelle que 120 personnes arrêtées ont ensuite été libérées. Et pour celles toujours détenues, aucune torture n’est utilisée, a-t-il affirmé devant la presse.

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