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Soudan: une déclaration constitutionnelle qui reconnaît le rôle des femmes

Le week-end dernier, les militaires et les représentants de la contestation se sont mis d’accord sur une déclaration constitutionnelle qui va encadrer une transition d’un peu plus de trois ans. Le texte, qui doit être officiellement signé le 17 août, abroge de fait la Constitution de 2005 et fait la part belle à l’égalité homme-femme.

Dès le préambule, le textereconnaît le rôle des femmes dans la révolution qui a abouti à la chute d’Omar el-Béchir en avril dernier. La charte des droits et des libertés stipule quant à elle que l’État doit garantir l’égalité des droits politiques entre hommes et femmes ainsi que l’égalité des salaires en usant s’il le faut de la discrimination positive.

L’État devra aussi lutter contre les pratiques traditionnelles qui portent atteinte à la dignité des femmes et proposer des soins de santé gratuits pour les mères et les enfants. Enfin, le Parlement de transition sera à 40% féminin.

►À lire aussi : Soudan : les défis de l’accord sur la transition

Les organes de la transition devront donc veiller à la mise en œuvre de ses principes. Reste à savoir s’ils y parviendront. La Constitution de 2005 entérinait déjà l’égalité homme-femme dans les domaines politiques, sociaux et économiques. Mais les réformes attendues n’ont pas suivi et certaines lois controversées n’ont jamais été modifiées pour être conformes au texte fondamental. Comme la loi sur le statut de la personne, entré en vigueur en 1991, qui autorise les mariages forcés. Selon l’Unicef, près d’une Soudanaise sur trois a été mariée avant 18 ans. Un des taux de mariage des enfants les plus élevés au monde.

Pour Marc Lavergne, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de la Corne de l’Afrique, les articles relatifs au droits des femmes de cette déclaration constitionnelle sont à prendre avec précaution. Pour le chercheur, le Soudan a longtemps été divisé sur les questions d’émancipation des femmes, entre mouvements libéraux et mouvements conservateurs.

Je crois qu’il ne faut pas se leurrer : il y a une part de sincérité mais il y aussi beaucoup d’opportunisme et de politiquement correct. Il ne faut pas oublié que le Soudan est le pays où toutes les femmes sont excisées et infibulées d’une part, et d’autre part, il ne faut pas oublier que le général al-Burhan qui est à la tête du pays actuellement, est un criminel de guerre qui a couvert les viols systématiques par l’armée au Darfour.

Marc Lavergne, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de la Corne de l’Afrique
08-08-2019 – Par Laure Broulard

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