Au Soudan, les militaires et les représentants de la contestation se sont finalement mis d’accord, ce week-end, sur une déclaration constitutionnelle qui encadre une transition prévue sur trois ans. Le texte a été paraphé par les deux parties dimanche et sera officiellement signé le 17 août. Il prévoit la création d’un conseil souverain composé de cinq militaires et de six civils, d’un conseil des ministres et d’un parlement. Si beaucoup saluent un accord historique, le texte soulève déjà inquiétudes et critiques du côté de la contestation et des différents partis d’opposition.
Des voix dissidentes s’élèvent au sein même des alliés des Forces pour la liberté et le changement, la coalition qui rassemble depuis janvier tous les opposants au pouvoir militaire. Les chefs rebelles du Front révolutionnaire soudanais considèrent que leurs revendications ne sont pas entendues, principalement en ce qui concerne des processus de paix dans les États du Darfour, du Kordofan Sud et du Nil Bleu. Les discussions devraient donc se poursuivre dans les prochains jours explique Khalid Omar Youssef, un leader de la contestation civile.
« Leur remarques sur le texte sont à prendre en considération. Et nous devons entamer dialogue de fond avec nos partenaires du Front révolutionnaire soudanais, pour qu’ils soient inclus dans l’accord. »
Du côté des partis islamistes, le texte ne fait pas non plus l’unanimité. Mohammed El-Amine Khalifa est un cadre du parti du Congrès populaire soudanais, le mouvement de l’ancien opposant Hassan al-Tourabi, mort en 2016. Il dénonce un accord non représentatif de l’échiquier politique du pays : « Malheureusement, c’est un accord seulement entre deux parties. Donc il ne pourra jamais répondre aux attentes des Soudanais. La situation soudanaise est extrêmement complexe, et elle ne peut être réglée par juste deux ou trois partis politiques. »
Reste à savoir si ces critiques fragiliseront véritablement l’accord. L’Alliance pour la liberté et le changement salue aujourd’hui un grand pas en avant, et affirme sa confiance dans ce projet de transition.
→ Lire aussi : Soudan: les défis de l’accord sur la transition