Reprise aujourd’hui des auditions de la Commission vérité et réconciliation en Gambie. De nouveaux hommes de main de Yahya Jammeh doivent être entendus. Trois « Junglers » avaient été interrogés fin juillet, fournissant des détails sur leur implication dans de nombreux assassinats. Les trois hommes avaient accusé Yahya Jammeh d’être le donneur d’ordre. Quelles conséquences ont eu ces révélations ?
Avant l’audition des Junglers, Baba Hydara avait été prévenu que les interrogatoires porteraient sur l’assassinat de son père, le journaliste Deyda Hydara, tué en décembre 2004. Se replonger dans ce terrible souvenir a été une épreuve pour toute la famille, confie Baba Hydara. « On écoutait la radio quand soudain il s’est mis à raconter en détail la façon dont ça s’est déroulé. Tout d’un coup j’étais renvoyé au 17 décembre 2004. »
Baba Hydara redoute que ces Junglers soient amnistiés et libérés en échange de leur témoignage. Il demande à la justice de faire son travail.
Ces témoignages servent également de preuve pour frapper plus fort. Yahya Jammeh est affaibli par ces auditions, estime Salieu Taal avocat et président de l’association du barreau de Gambie : « Désormais nous avons des preuves concrètes qui font le lien entre Yahya Jammeh et l’assassinat de Gambiens. Cela a donc de graves implications juridiques. Nous avons des preuves indéniables qui peuvent être utiles pour l’inculper et peut-être même demander son extradition. »
Pour le moment Yahya Jammeh est hors d’atteinte en Guinée équatoriale mais l’avenir judiciaire des Junglers devrait être évoqué aujourd’hui lors d’une conférence de presse organisée par le ministère de la Justice.
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