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POLITIQUE

Quand Teodoro Obiang s’emparait du pouvoir par un putsch en Guinée équatoriale

Il y a 40 ans jour pour jour, Teodoro Obiang s’emparait du pouvoir à Malabo, mettant fin à « l’Unique miracle » de Guinée équatoriale. Récit.

En ce 3 août 1979, des militaires annoncent avoir renversé le président à vie de Guinée équatoriale, Francisco Macias Nguema. À Malabo, la population descend dans la rue pour célébrer la fin de son régime sanguinaire. L’ambassadeur de France, seul ambassadeur occidental résidant dans la capitale, est aux premières loges. Ses télégrammes, récemment « déclassifiés » par le ministère français des Affaires étrangères, apportent un éclairage inédit sur le putsch qui signe l’arrivée au pouvoir de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, devenu le plus ancien des présidents en exercice au monde. Dès 20 heures, Radio Malabo diffuse un communiqué militaire signé par un seul officier : le lieutenant-colonel Obiang. Le « numéro deux » du régime déchu reproche au président qu’il vient de renverser – un cousin éloigné qu’il considère comme un oncle – ses violations « systématiques » des droits de l’homme. L’officier annonce une nouvelle ère de droits et de libertés. Francisco Macías Nguema, « père » de l’indépendance devenue effective en octobre 1968, premier président élu, est en fuite. Le « coup d’État de la liberté », comme disent les partisans de la nouvelle junte, provoque des scènes de liesse dans la capitale. « Si les militaires quadrillent la ville, les gens manifestent bruyamment leur joie dans la rue en lacérant les portraits du président (Macías) », rapporte l’ambassadeur Hubert Cornet dans un télégramme destiné au Quai d’Orsay. Sous l’ex-chef d’État, une personne sur 500 a été exécutée, selon Amnesty International. Des garçons de 12 ans ont été enrôlés dans l’armée. Sur une population d'environ 380 000 personnes, un quart s’est exilé, notamment en Espagne, l’ex-puissance coloniale. Francisco Macías, capable de tous les excès, est allé jusqu’à interdire le catholicisme. Son régime est officiellement athée, mais dans les faits, la Guinée équatoriale est sous le joug du culte de son président. Francisco Macías a même donné son nom à l’île de Bioko (anciennement Fernando Po)… En ces temps de guerre froide, la Guinée équatoriale, pourtant membre du Mouvement des non-alignés, est proche du bloc de l’Est. Les chalutiers qui pêchent dans ses eaux sont soviétiques. La garde rapprochée du « Gran Camarada » est cubaine. Dans le communiqué lu sur Radio Malabo, un détail n’échappe pas aux auditeurs attentifs : le terme « camarade », jusque-là accolé aux titres officiels, a été supprimé.
L’espoir fleurit dans une capitale sans eau La cathédrale, fermée depuis dix ans, est rouverte. Des catholiques s’y pressent pour faire baptiser leurs enfants. Sous l’ancien régime, ceux qui tenaient malgré tout à donner des prénoms chrétiens à leurs enfants étaient mis à l’amende. En 1979, Teodoro Obiang, l’ex-homme de confiance de Francisco Macías, hérite d’un pays au bord du gouffre. L’économie est exsangue. Depuis l’indépendance, la production de cacao – qui passait pour l’un des meilleurs au monde – a été divisée par neuf. Celle du café a quasiment disparu. Les fonctionnaires n’ont pas été payés depuis des mois. La poste centrale est fermée. Le directeur de la Banque centrale a été torturé au vu et au su de tous d...   

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