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Mauritanie: le président Abdel Aziz passe la main après 11 ans de pouvoir

Après onze ans passés au pouvoir, Mohamed Ould Abdel Aziz passe la main ce jeudi 1er août à Mohamed Ghazouani. Entre retour de l’ordre sécuritaire et creusement des inégalités dans le pays, son bilan est en demi-teinte.

Mohamed Ould Abdel Aziz a passé sa dernière journée de président de la République à accueillir les chefs d’État invités à la cérémonie d’investiture de son successeur. Dans la matinée, mercredi, il a fait sa déclaration de patrimoine à la commission sur la transparence financière dans la vie publique. Mais les biens déclarés du président Abdel Aziz au moment de quitter le pouvoir n’ont pas étés révélés à la presse.

Après cette formalité, le chef de l’État sortant a reçu le parlementaire Jean-Jacques Bridey qui représentera le président français Emmanuel Macron à la cérémonie d’investiture de Mohamed Ghazouani. Cette dernière journée du chef de l’exécutif sortant à la tête du pays s’est achevée par un dîner en l’honneur des invités à cet événement.

Un coup d’État et deux élections

Le président Aziz était arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État militaire contre le premier président élu démocratiquement Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, avant d’organiser et de remporter la présidentielle de 2009 pour un mandat de cinq ans, renouvelé à l’occasion de la présidentielle de 2014.

La Constitution mauritanienne n’autorise que deux mandats. Mais Abdel Aziz n’exclut pas de revenir au pouvoir. En attendant, il a affirmé, en juin dernier, qu’il continuerait à faire de la politique.

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Lors de sa prise de pouvoir en 2008, la Mauritanie connaissait une vague de terrorisme sans précédent. À son actif, Mohamed Ould Abdel Aziz a réformé l’armée, créé un maillage administratif et a fait la chasse aux intégrismes religieux. Depuis 2011, aucun attentat n’a eu lieu dans le pays contrairement au Mali voisin, empêtré dans une guerre depuis 2012. Il a également été un des acteurs clés dans le développement du G5 Sahel, censé assurer sécurité et développement dans la région.

Mais ces aspects ne font pas oublier le creusement des inégalités dans le pays. Lors de la campagne électorale, tous les candidats de l’opposition appelaient à une meilleure redistribution des richesses. Ces dernières années, la sécheresse a créé un réel un exode rural vers Nouakchott qui ne cesse de s’étendre. Dans les quartiers populaires, comme dans le reste du pays, l’accès aux services de base est quasi inexistant et le ressentiment d’une société à deux vitesses grandit.

Quant à la liberté d’expression, celle-ci régresse. Coupures d’internet, fermeture de radios, arrestations de journalistes ou de blogueurs… La liste est longue des atteintes aux libertés fondamentales.

Cérémonie d’investiture

Autant de chantiers auxquels va devoir s’atteler Mohamed Ghazouani qui doit être investi ce jeudi. Plus d’une dizaine de chefs d’État africains ont fait le déplacement à Nouakchott pour l’occasion. La cérémonie aura lieu au palais des Mourabitounes, situé à 35 km de la capitale mauritanienne.

L’ancien chef d’état-major général des armées sera investi en présence d’une douzaine de chefs d’État africains, dont le voisin sénégalais Macky Sall, le Tchadien Idriss Déby, le Congolais Sassou-Nguesso et l’Ivoirien Alassane Ouattara. Aucun dirigeant du monde arabe, en revanche et pas de chefs d’État du Maghreb.

La cérémonie sera notamment marquée par un échange de discours entre les présidents entrant et sortant. Mohamed Ould Abdel Aziz fera son adieu à la nation alors que Mohamed Ghazouani est très attendu pour sa première prise de parole en tant que chef de l’État après son élection contestée par les candidats de l’opposition qui avaient dénoncé des fraudes massives. Fraudes réfutées par la Céni et par les partisans de l’ancien chef des armées.

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