Fasciné par l’ancien leader Mohammed Yusuf abattu par la police le 30 juillet 2009, Abubakar Shekau a fui Maiduguri et pris la tête de Boko Haram en 2010. Leader aussi sanguinaire que mystérieux, il a façonné le groupe jihadiste qui a fait plus de 20 000 morts et deux millions de déplacés, ces dix dernières années.
Il est le visage le plus célèbre de Boko Haram. Son grand plaisir est de narguer les autorités. Uniforme de combat, AK-47 sur l’épaule et sourire machiavélique, Abubakar Shekau a des airs de fanatique illuminé dans chacune de ses vidéos de propagande.
Si leurs fréquences ont rendu son personnage quasiment familier, le leader autoproclamé de la faction la plus radicale de Boko Haram reste pourtant peu connu. Personne ne l’a vu en chair et en os en public depuis plus de dix ans.
Quant à son parcours, il se conjugue au conditionnel. Il serait né dans l’État de Yobe. D’origine Kanuri, il aurait grandi comme enfant des rues à Maiduguri où il aurait étudié la théologie islamique et aurait actuellement entre 40 et 50 ans. La seule certitude à son sujet est qu’il a une obsession pour le sang. « J’aime tuer quiconque Dieu me demande de tuer, de la même manière que j’aime tuer des poulets et des moutons », affirmait-il dans une de ses vidéos de 2012. Un leitmotiv bien servi par Boko Haram sans que Shekau ne soit jamais capturé. Et encore moins tué.
Déclaré mort à au moins quatre reprises par les forces de sécurité nigérianes, le « spécialiste du dogme » comme il se fait appeler, resurgit à chaque fois. Même s’il apparait en perte de vitesse depuis l’essor de la faction dissidente du groupe ISWAP emmenée par Abou Mosab Al Barnaou et reconnue par l’État islamique en 2016, Abubakar Shekau continue à semer le chaos dans l’extrême nord-est du Nigeria et au Cameroun.