Après trois semaines de coupure, les employés de la chaîne congolaise RTVS1 en appellent au président Félix Tshisekedi. La chaîne, détenue par l’un des ténors de l’opposition Lamuka, a été coupée le 29 juin dernier, en plein milieu d’une émission spéciale qui donnait la parole à des militants de cette plateforme. Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé un acte de censure. Félix Tshisekedi a affirmé deux jours plus tard qu’il avait été informé d’une éventuelle diffusion « d’appels à la haine » sur la RTVS1 mais n’était pas à l’origine de la coupure.
Après la coupure de la chaîne RTVS1, la ministre de la Communication congolais avait bien promis que le signal serait rétabli dans la semaine et que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication serait saisi sur le contenu des émissions. Depuis, c’est toujours l’écran noir.
Edmond Izuba, délégué du personnel de la télévision RTVS1 rappelle le chef de l’État Félix Tshisekedi à ses engagements, et notamment celui qu’il avait pris dès son discours d’investiture de faire des médias un véritable « quatrième pouvoir » : « Nous sommes victimes d’une fermeture et nous ne connaissons même pas les véritables auteurs. Qui a fermé aujourd’hui RTVS1 ? Il nous a été dit que les injonctions sont venues d’un proche conseiller du président de la République. Alors nous allons là-bas pour supplier le président de la République, pour lui rappeler ses propres promesses. Nous voulons travailler. »
Le CSAC pas encore saisi
De son côté, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), l’organe de régulation, toujours pas saisi du dossier, renvoie la balle à la ministre de la Communication. Son président Tito Ndombi lui a écrit il y a 15 jours pour demander les raisons de la coupure et qu’on lui transmette les éléments dans le dossier. Sans suite pour le moment. « Cela crée un peu le malaise parce que nous n’avons reçu aucune alerte, nous n’avons reçu aucune plainte pour que nous puissions nous appesantir sur ce dossier-là, explique-t-il. Parce que si nous décelons des indices d’infractions à la loi ou des indices de violation du code de déontologie, nous allons engager une procédure. »
Réponse de la ministre Marie-Ange Mushobekwa : le courrier, dit-elle, ne lui a pas encore été présenté, mais elle assure que le CSAC sera saisi sous peu. Quant au chef de l’État, il fait savoir par la voix de son porte-parole Mwema Kasongo, qu’il est « préoccupé » par la situation, et promet de réunir très prochainement le CSAC et des responsables des principaux médias pour dénouer ce dossier dans le respect de « la liberté de la pesse », et rappeler les uns et les autres à leur responsabilité.