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RCA: un «désastre écologique» dans la zone de Bozoum

Des compagnies minières chinoises responsables « d’un désastre écologique dans la région de Bozoum » au nord-ouest de Bangui, c’est ce que dénonce un rapport parlementaire publié samedi 13 juillet. Entretien avec le rapporteur de la mission parlementaire.

Ce rapport, établi à la suite des plaintes des populations, dénonce à la fois la pollution engendrée par quatre compagnies chinoises, la complicité des responsables locaux et les violences, contre les populations, commises par les forces armées centrafricaines qui protègent les exploitants.

Ce rapport n’est pas le premier et les dénonciations d’abus commis par les compagnies minières en Centrafrique sont récurrentes. Rapports parlementaires, rapports ministériels, rapports onusiens… Depuis 2016, le constat est toujours le même à savoir que de nombreuses compagnies minières exploitant l’or en Centrafrique commettent des abus.

En juillet 2018, une enquête interministérielle a infligé des amendes à une entreprise chinoise, présente dans la région de Yakolé, qui exploitait l’or sans permis. Quelques mois auparavant, l’ONU épinglait une coopérative minière travaillant avec d’autres compagnies qui employait d’ex-miliciens anti-balaka pour leur sécurité.

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Les cas de non-respect des engagements se multiplient, qu’ils soient sociaux comme la construction d’écoles ou de dispensaires ou bien environnementaux comme les problèmes liés à l’utilisation du mercure et du cyanure dans les processus de transformation.

Dans le cas de Bozoum, le rapport parlementaire dénonce « un véritable désastre écologique et une pollution de la rivière Ouham » par les compagnies minières. Il préconise l’arrêt des travaux. Ce rapport dénonce aussi un phénomène récurrent qui est celui de la complicité des autorités locales et nationales. Il recommande une enquête judiciaire sur d’éventuelles implications frauduleuses de responsables politiques et de haut fonctionnaires dans l’obtention des permis d’exploitation.

«Arrêt automatique et sans conditions de cette exploitation»

Les membres de la mission parlementaire qui ont rédigé le rapport ont séjourné dans la région de Bozoum pendant huit jours, au début de ce mois de juillet. Leur constat va à l’encontre d’une mission gouvernementale effectuée à trois jours d’intervalle. C’est ce que précise Bernard Dillah qui conduisait la mission parlementaire.

On ne peut plus reconnaître le fleurve Ouham. Ce cours d’eau servait pour la pêche, pour boire, pour se laver… Aujourd’hui, l’eau est totalement polluée. […] Nous avons rencontré un chef d’un poste de santé qui nous a dit que depuis un peu plus de deux mois, les cas d’avortements ont été multipliés par dix parce que les femmes utilisaient cette eau.

Bernard Dillah
15-07-2019 – Par Stanislas Ndayishimiye

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