L’attaque survenue à Kismayo vendredi 12 juillet et revendiquée par les islamistes shebabs a causé la mort de 26 personnes, selon les chiffres officiels. Parmi les victimes, plusieurs étrangers ou binationaux, un candidat à la présidence de la région, un membre de l’Organisation internationale pour les migrations et deux journalistes (les deux premiers en 2019 selon le syndicat des journalistes somaliens) : Mohamed Omar Sahal, correspondant somalien de la SBC TV (télé des Seychelles) et Hodan Naleyeh, une Canado-Somalienne qui voulait montrer la Somalie sous son meilleur jour.
« C’est une nouvelle journée noire pour les journalistes somaliens », ce sont les mots du Syndicat national des journalistes pour annoncer la nouvelle. Au fil des heures, l’émotion, les hommages ont fleuri sur les réseaux sociaux. De nombreux profils ont affiché la photo de Hodan Nalayeh.
Cette professionnelle qui travaillait dans l’audiovisuel était la fondatrice et présentatrice d’Integration TV, un média lancé au Canada et qui ambitionnait de présenter la Somalie sous un angle positif. Et c’est vrai, les mots beauté, motivation, succès reviennent régulièrement dans les publications de Hodan Nalayeh…
Après avoir longtemps vécu outre-Atlantique, elle avait fait le choix de revenir sur le continent, un choix provoqué, expliquait-elle, par une interview réalisée en 2017, celle d’un entrepreneur somalien qui l’avait particulièrement motivée quant à la capacité de croissance de son pays.
Depuis lors elle ne cessait de s’intéresser à la société somalienne et à la diaspora pour en montrer le plus beau visage comme en attestent entres autres les photos qu’elle postait elle-même sur les réseaux.
Mais la positivité de Hodan Nalayeh ne pouvait malheureusement rien contre l’assaut des islamistes shebabs. Son mari, présent à ses côtés au moment de l’attaque a également été tué.
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Le siège aura duré près de 12h à Kismayo, dans la région semi-autonome de Jubaland où des élections se tiendront en août prochain, des hommes armés ont pris pour cible vendredi soir un hôtel : une voiture piégée d’abord, avant que des affrontements n’éclatent avec les forces de sécurités présentes sur place. Le bilan est lourd : au moins 26 morts et 56 blessés selon les chiffres officiels. Ce mode opératoire se constate d’habitude dans la capitale Mogadiscio. C’est la première fois que les shebabs mènent une attaque de cette ampleur à Kismayo, preuve de leur assise dans la région.
« Ils contrôlent une grande partie de Jubaland en dehors de Kismayo, vers le nord de Kismayo et vers l’est, explique le chercheur Matt Bryden, basé à Nairobi. On dirait que cette attaque ciblait les élections qui sont prévues pour le mois d’août pour le Parlement du Jubaland et pour la présidence. L’hôtel attaqué est bien connu des politiciens et des chefs de clans. Il était plein parce qu’il y a tous les délégués de tous les clans de Jubaland pour les élections. Ce n’est pas une seule attaque qui va déstabiliser l’État, mais c’est quand même le signe que les shebabs ont l’intention de le faire encore, d’en faire plus et ça pourrait avoir un impact sur le processus. »
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