Guerre des mots au sein de la coalition au pouvoir en Éthiopie. Deux grands partis, le Front de libération du peuple tigréen (TPLF) et le Parti démocratique amhara (ADP) s’invectivent, depuis la tentative de coup d’État déjouée il y a bientôt trois semaines. L’opération avait entraîné la mort de hauts dirigeants, notamment le président de la région Amhara ou encore le chef des armées.
C’est le TPLF qui a ouvert les hostilités. Le parti d’ethnie tigréenne a accusé l’ADP des Amharas d’avoir « collaboré avec des forces ultranationalistes » et « mis en danger la sécurité du pays ».
« L’ADP doit présenter des excuses publiques. Sinon, ce sera difficile pour nous de continuer de travailler avec eux », a déclaré le TPLF.
L’ADP a refusé de s’excuser et dénoncé des propos « consternants », avant d’accuser, à son tour, le TPLF d’avoir favorisé l’insécurité.
« Ils ne changeront jamais et continueront leur façon corrompue de faire de la politique », a indiqué l’ADP.
En arrière-plan, les enjeux ethniques ne sont pas loin. Tué par les forces de sécurité, le général Tsige, cerveau présumé de la tentative de coup d’État, était membre de l’ADP.
Le chef d’Etat-major assassiné Seare Mekonnen, lui, était de la minorité tigréenne. Or le parti TPLF, longtemps au pouvoir, a perdu de son influence depuis l’arrivée du Premier ministre Abiy Ahmed qui, lui, est un Oromo.
« Le mouvement cherche à affaiblir l’ADP qui a toujours été un rival. Il veut peut-être le piéger, pour regagner de l’influence dans la majorité », analyse un journaliste éthiopien.
Le chercheur Kietill Tronvoll y voit un signe inquiétant. « La déclaration du TPLF est le signal le plus clair d’une possible dislocation de la majorité », indique le spécialiste.