En Gambie, la Commission vérité et réconciliation a consacré une semaine à la liberté de la presse sous Yahya Jammeh. Près de dix journalistes se sont relayés pour raconter leur histoire et essayer de documenter au mieux l’ensemble des violations commises contre la presse durant 22 ans.
« Les journalistes sont les fils illégitimes de l’Afrique », avait déclaré Yahya Jammeh quelques mois seulement après le coup d’État de juillet 1994. Des propos sont rapportés aujourd’hui par Lamin Cham, rédacteur en chef du Standard Newspaper. Il a lui-même été arrêté et torturé en 2006 accusé d’alimenter un journal en ligne basé aux États-Unis et critique du pouvoir.
Yahya Jammeh haïssait les journalistes témoigne Lamin Cham : « Il s’en prenait aux journalistes dès qu’il en avait l’occasion. Il disait qu’ils étaient sous-éduqués, contre le progrès, antipatriotique. Il ne cachait pas sa haine des journalistes. »
Deux journalistes tués
Avec ces témoignages, les Gambiens prennent connaissance de la répression massive menée contre les journalistes. Durant le règne de l’ex-président, deux d’entre eux ont été tués, plus de 140 journalistes ont été arrêtés, 15 médias ont été fermés et au moins 20% de la corporation a fui le pays.
Saikou Jammeh secrétaire général du syndicat des journalistes, espère retrouver le soutien de la population : « Les journalistes ne sont pas les ennemis du peuple. La liberté de la presse a été la première victime du régime Jammeh. »
Yahya Jammeh disposait d’un arsenal juridique pensé pour réprimer les médias. Si la liberté de la presse semble être revenue en Gambie, les lois liberticides n’ont toujours pas été réformées.