Seul pays africain à rester en dehors de la Zlec : l’Érythrée. Le pays ermite de la Corne de l’Afrique n’avait pas souhaité participer aux négociations sur la mise en place de la Zone de libre-échange continentale, pour cause d’état de guerre avec l’Éthiopie, disait-il. Maintenant que la paix a été signée, le commissaire africain chargé du Commerce et de l’industrie Albert Muchanga assure que l’Érythrée devrait rejoindre à terme le processus d’intégration. Mais sa situation économique et politique laisse penser que ce ne sera pas une tâche facile.
En Érythrée, tout passe par le bureau du président. Les fonctionnaires ayant quitté le pays le racontent volontiers, d’ailleurs. Les affaires de l’État sont du ressort exclusif d’Issayas Afewerki et du petit cercle qui l’entoure, notamment à la direction du parti-état, le FPDJ.
Un ancien responsable de la Banque centrale le certifie : le ministère des Finances n’a guère de pouvoir. Le budget de l’État est contrôlé par le directeur des affaires financières du FPDJ, Hagos Ghebrehiwet. C’est lui qui, déjà, à l’époque de la guérilla indépendantiste, gérait l’argent des maquisards, ce qui lui avait valu le surnom de « Kisha », c’est-à-dire « sac à patates ».
Le maigre secteur privé évolue sous étroite surveillance. Toute l’économie est entre les mains de l’État, que ce soit directement ou à travers l’armée, omniprésente, la compagnie de travaux publics Segen ou la Red Sea Trading Corporation, dont les bureaux sont d’ailleurs dans l’immeuble du FPDJ.
Dans ce contexte, ouvrir l’économie signifierait s’obliger à laisser circuler non seulement les marchandises, mais surtout les commerçants, ce qui est un défi pour un gouvernement aussi méfiant. Et puis l’Érythrée, à part des minerais, ne produit pas grand-chose d’exportable. Les négociations pour rejoindre la Zlec s’annoncent donc tatillonnes et périlleuses.