Au Burkina Faso, une fille sur dix est donnée en mariage avant l’âge de 15 ans. Le pays affiche le cinquième taux de prévalence du mariage d’enfants le plus élevé au monde. C’est pour venir à bout du phénomène qu’une campagne de sensibilisation va sillonner plusieurs villes du pays pendant des semaines. Cette caravane a été lancée dans la ville de Léo, vendredi 5 juillet, dans le centre-ouest du Burkina, en présence des autorités coutumières qui auront également leur rôle à jouer.
À l’âge de 16 ans, Poko a dû fuir le domicile familial pour échapper à un mariage précoce. Son père l’avait promise à un homme. « Il avait déjà deux femmes, donc j’ai refusé et je me suis échappée », raconte-t-elle.
Au Burkina Faso, une fille sur deux est mariée, avant l’âge de 18 ans. C’est pour lutter contre le mariage précoce que le gouvernement et l’UNICEF viennent de lancer la caravane de sensibilisation « Ne m’appelez pas madame » dans la région du centre-ouest où le phénomène persiste, selon Eric Somda, de la direction provinciale de la famille.
« Nos services ont enregistré des plaintes pour le mariage d’enfants. En 2017, nous avons enregistré 21 cas, en 2018, 26 cas, mais là, ce sont ceux qui viennent vraiment porter plainte », souligne-t-il.
À l’image de sa majesté Leo Piô, la chefferie coutumière est mise à contribution pour la sensibilisation. « En milieu rural, c’est compliqué. Les gens pensent que c’est en donnant leur fille jeune, ils vont régénérer des revenus. Or, non. J’ai dit que l’on mette fin à cela parce que cela a des conséquences négatives sur la personne », explique Leo Piô.
Porte-flambeau de cette caravane, le célèbre artiste musicien Smarty, vainqueur du prix Découverte RFI 2013, a composé une chanson pour l’occasion et pour aider à sensibiliser les parents.
« Marier les jeunes filles très tôt, c’est un manque à gagner pour le pays. Vous avez des filles qui ne seront pas formées. Notre souhait, c’est que les choses changent, pas seulement au Burkina mais un peu partout en Afrique », indique-t-il.
Cette caravane de sensibilisation contre le mariage précoce va sillonner cinq villes du Burkina Faso.
À (RÉ)ÉCOUTER → Ces mariages forcés et précoces sont vécus en Afrique comme une norme