Depuis la chute de Zine el-Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, la Tunisie suit une voie unique dans le monde arabe. Le pays a su résister à un basculement autoritaire et à toute emprise islamiste. Une spécificité fragile.
De notre correspondant à Tunis,
Traverser la Tunisie d’est en ouest un jour d’Aïd, c’est assister dans les villes et villages endimanchés à de gigantesques célébrations pour la fin du mois de ramadan. Tablées improvisées, femmes en tenue de fête, enfants jouant sur les routes...
« Nous fêtons l’Aïd et la nouvelle saison touristique qui sera historique », affirme Farid, la cinquantaine. Pour ce restaurateur proche du Cap Serrat, la Tunisie est pourtant sur le fil du rasoir : « La situation n’a cessé de se dégrader depuis 2011, mais si la manne touristique relance l’économie, alors les acquis de la révolution seront sauvés. »
La fragilité de la situation est devenue évidente fin juin avec un grave problème de santé du président Essebsi, qui a laissé craindre une incertitude politique accrue au moment où la ville de Tunis était frappée par un double attentat-suicide. Le processus démocratique fut suspendu à l'absence de Cour constitutionnelle.
Cette conscience d’une fragilité post-2011 et certains relents nostalgiques de la période Ben Ali tranchent brutalement avec la Tunisie érigée en modèle de réussite. Seule rescapée des printemps arabes, la Tunisie semble faire figure d’exception, d’îlot de stabilité entre la poudrière algérienne et la Libye en guerre.
En suivant une voie singulière, la Tunisie est le seul pays arabe dont la révolution a permis l’émergence d’un pouvoir pacifié formé de représentants de l’ancien régime, d’islamistes et de nouveaux venus.
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Depuis janvier 2011...